ACTUALITES INTERNATIONALES
Russie : dernières nouvelles de l’Institut Vavilov
Sources : JDLE du 14/09/2011 et RSE du 15/01/2009
Il y a près d’un siècle, Nikolaï I. Vavilov, scientifique russe, a envisagé un risque de catastrophe qui priverait l’humanité de la biodiversité naturelle. Botaniste, agronome et généticien, sa vie a été consacrée à l’étude de la diversité végétale et à la collection de graines de plantes cultivées et sauvages du monde entier. Une activité qu’il a développée à l’Institut russe d’horticulture dont il a été le directeur de 1921 à 1940.
Aujourd’hui, la Banque de semences de l’Institut Vavilov est classée 4e mondiale, après celles des Etats-Unis, de Chine et d’Inde. Elle abrite les graines et semences de 322.000 espèces végétales, dont 43.000 légumes et 5.000 baies. Pour les connaisseurs, 90% des collections de cette « banque » ne se trouvent dans aucun autre établissement comparable.
A titre de comparaison, les catalogues officiels de semences autorisées à la commercialisation en Russie et en France contiennent environ 7.000 variétés chacun et le catalogue européen environ 35.000.
Selon le fonctionnement établi par N.Vavilov il y a 80 ans, chaque acquisition est étudiée pendant trois ans avant d’être introduite dans la collection.
L’Institut possède en outre un magnifique herbier de 260.000 spécimens, inscrit dans le patrimoine de l’Unesco. Certaines graines, surtout celles des légumes, nécessitent un renouvellement régulier. Elles doivent être plantées et ensuite récoltées pour de nouveau pouvoir être conservées pendant quelques années. A cette fin, l’Institut possède de grandes surfaces de terre à la périphérie de Saint-Pétersbourg et dans ses 12 stations expérimentales réparties sur le territoire de la Fédération russe.
Toute cette organisation demande en effet de grands moyens pour bien fonctionner. Et, pour obtenir ces subventions de la part des institutions publiques, il faut tout de même que l’Institut Vavilov puisse démontrer que la richesse contenue dans sa Banque de semences n’est pas un simple patrimoine passif, qu’elle a un rôle concret à jouer dans la Russie d’aujourd’hui.
Hélas, l’institut de recherche agronomique gêne. Son jardin conservatoire a le grave inconvénient d’être installé à Pavlovsk. Situé à quelques kilomètres de Saint-Pétersbourg, ce bourg, où Pierre Ier a construit un merveilleux palais, est devenu une banlieue très en vogue, où il fait bon avoir sa maison ou sa datcha.
A la fin de l’hiver 2009, la Fondation pour le développement de l’habitat russe (RZHS selon l’acronyme russe), propriétaire du terrain, demande à la justice de déloger, légalement, le conservatoire pour laisser la place à de beaux lotissements, réservés aux salariés de l’Académie des sciences. Fin juillet, les magistrats de la 9e cour d’appel donnent raison au promoteur, en ordonnant la destruction d’un des plus importants vergers conservatoires du monde (s’étendant sur 90 hectares), géré par l’Institut Vavilov. Magnanimes, ils laissent trois mois à l’institution pour trouver un asile à ses collections et ses milliers d’arbres et d’arbustes...
L’affaire a fait du bruit. A l’initiative du Global Crop Diversity Trust américain, une pétition internationale adressée à M. Medvedev a circulé. La presse internationale s’est emparée de l’affaire. Et, signe des temps, le président russe, Dmitry Medvedev, a indiqué, sur son compte twitter, son intérêt pour la question.
Dans un courrier adressé aux autorités russes, les responsables du Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue) estiment que les collections de la station expérimentale de Pavlovsk « sont sans égales dans le monde » et doivent être protégées. Les avocats de l’institut intentent un ultime recours devant la Haute cour d’arbitrage.
La bataille juridique se poursuit. A la demande du président Medvedev, on essaie de préserver les intérêts des deux parties. En essayant de lotir des portions « peu importantes » du conservatoire sans toucher aux collections essentielles. Les inspections d’experts succèdent aux audits de savants. Le but de la RZHS étant de faire classer en friche les 70 ha du terrain numéro deux (les deux tiers de la surface du verger), ce qui les rendraient constructibles.
En juin 2011, la 4e inspection en moins de 10 mois, a conclu qu’une partie des collections (les herbacées) était transférable. Il serait également possible « mais difficile » de transférer les arbres et les arbustes. Ces projets sont contestés par les dirigeants de l’Institut Vavilov. Pour les chercheurs, le transfert de collections, d’arbres a fortiori, est effectivement possible, mais techniquement difficile et financièrement exorbitant. Les scientifiques jugent aussi totalement farfelue l’idée selon laquelle on pourrait faire cohabiter un quartier avec ses servitudes (routes, réseaux d’énergie ou d’eau, etc.) et ses nuisances (émissions de polluants, rejets d’eaux grises) avec un jardin botanique de réputation mondiale.
La balle est désormais dans le camp du Kremlin qui, à 6 mois des élections présidentielles, a peut-être d’autres priorités plus court terme…
Grande-Bretagne : les humains trop bruyants sous l’eau aussi
Des scientifiques de l’unité de recherche sur les mammifères marins de l’université écossaise de St Andrews suspectent le fait que la femelle phoque soit attirée par le bourdonnement des hélices de bateau, lesquels produisent des sons à basses fréquences qui imitent le cri du mâle en période d’accouplement. Les tests acoustiques réalisés par les chercheurs écossais ont confirmé l’hypothèse de la méprise : croyant rejoindre un congénère, les pinnipèdes femelles se font, en fait, aspirer par les hélices des bateaux.
« Nous avons observé qu’en été les décès ne concernent presque exclusivement que les femelles, pendant donc la période de reproduction, et en hiver les plus jeunes des phoques gris », souligne David Thompson, responsable de ce programme, qui recherche maintenant le type d’hélice provoquant les blessures les plus graves.
L’inspecteur Mike Brown, qui dirige l’enquête policière dans le Norfolk, a indiqué :
« Les phoques ont subi de terribles blessures dont nous pensons qu’elles sont la cause probable de leur mort et il n’y a aucun indice qu’elles soient dues à une maladie ou à un quelconque type de prédateur. Nous travaillons étroitement avec les conducteurs de bateaux-remorqueurs et les pêcheurs du coin mais nous aimerions entendre quiconque aurait des informations au sujet de ces évènements. »
Les activités humaines en haute mer (notamment de loisirs, pêcheurs, production énergétique, militaires …) ont considérablement augmenté au cours des dernières décennies et leur impact sonore accroit les niveaux de bruit de l’océan. Cette pollution sonore générée par les activités humaines peut affecter la santé et le comportement des animaux marins.
A signaler aussi, qu’Outre-Rhin depuis le 13 août 2011, des constructeurs et exploitants de parcs éoliens offshore testent 5 différentes méthodes pour réduire le bruit lors de la construction et de l’exploitation de parcs éoliens. Les industriels allemands ont la volonté de réduire les bruits durant l’installation et l’exploitation des parcs éoliens marins et cela alors que l’Allemagne est le seul pays européen ayant construit des éoliennes offshore sans avoir installé des bouées sonar pour maintenir les mammifères à distance.
La Chine rempoissone le Yantze [1]
Source : JDLE du 15/07/2011
Pour tenter de reconstituer l’écologie du Yantze (le fleuve bleu) dont la faune et la flore ont beaucoup souffert ces dernières années (on rappellera l’extinction du dauphin du Yantze en 2006), le ministère chinois de l’agriculture a fait procéder à de nombreuses opérations de rempoissonnement dans les régions du Jiangxi, de l’Hubei, du Hunan, de l’Anhui et du Jiangsu, indique la presse chinoise.
Selon Xinhua, ce sont plus de 1,3 milliard de poissons et d’alevins qui ont ainsi été relâchés ces derniers jours. Sans réelle surprise, les espèces les plus choyées ont été les cyprinidés (la plus grande famille de poissons d’eau douce), parmi lesquels la carpe noire (Mylopharyngodon piceus), la carpe herbivore (Ctenopharyngodon idell) et la carpe à grosse tête (Hypophthalmichthys nobilis).
Parallèlement, des plantes aquatiques ont été plantées sur 9.000 hectares de berges. Enfin, ont été également mis à l’eau 21 millions de coquillages et mollusques.
Rappelons que le 6 juin 2006, le gigantesque barrage des Trois-Gorges, situé sur le cours du Yangtsé , dans le centre de la Chine, est entré en service. Avec 2,3 km de longueur et 185 m de hauteur, l’ouvrage régule désormais les eaux du troisième fleuve du monde, long de 6 300 km, et dont le débit estimé est de 22 000 m3 par seconde. La zone menacée par la retenue était le biotope de 6 400 espèces végétales, 3 500 espèces d’insectes, dont plus de 600 papillons, 500 vertébrés terrestres dont une centaine de mammifères, et 350 espèces de poissons. Une grande partie de ces espèces animales et végétales étaient endémiques, c’est-à-dire qu’elles ne vivaient que dans cette région.