A quelques jours du début de la COP21 à Paris, l’association TENDUA souhaite, avec les photographes qui soutiennent son action, montrer une nouvelle fois leur engagement commun pour la préservation de la biodiversité dans le monde. L’exposition « BEAUTÉS NATURELLES » est ouverte à tous les curieux et les amoureux de la nature qui partagent l’engagement de TENDUA.
En offrant généreusement leurs images, les meilleurs photographes professionnels de nature [1], des membres de TENDUA [2], ainsi que le laboratoire de photo RAINBOW COLOR pour les tirages et la Mairie du VIe arrondissement de Paris pour la salle, ont rendu cette exposition possible.
Chaque photographe a sélectionné l’un de ses clichés préférés et les 25 tirages exposés sont numérotés et proposés à la vente afin de contribuer financièrement à plusieurs projets d’étude, de réhabilitation ou de sauvegarde d’espèces menacées dans le monde, en finançant l’acquisition de pièges photographiques, de colliers satellite, des salaires de soigneurs, l’achat de médicaments…
L’exposition « BEAUTÉS NATURELLES » est en accès libre du lundi au vendredi 10h30 à 17h, le jeudi jusqu’à 19h, le samedi : 10h à 12h, le 21 novembre : 10h à17h, à la Mairie du 6e arrondissement - Galerie du Luxembourg, 78, rue Bonaparte, 75006 Paris.
A propos de Tendua :
TENDUA est une association loi 1901, indépendante, créée en 2008 par Myriam Dupuis. Seize photographes, professionnels et amateurs ont rejoint l’association pour cette manifestation de sensibilisation du public, par la photographie animalière, à la préservation de la biodiversité.
Projets soutenus par TENDUA en 2015 :
- l’étude des lions du désert du Namib dont la population est évaluée à 150 individus,
- l’étude et la protection du tapir de Colombie, le plus grand herbivore d’Amérique du sud,
- la conservation du gibbon Hoolock, un primate très menacé en Inde,
- l’étude et la protection de la panthère des neiges dans toute sa zone de répartition.
- TENDUA fait également partie du collectif CAP LOUP pour la protection du loup en France et sensibilise le public à l‘importance du rôle des requins dans les écosystèmes marins.
LE MOT DE LA PRÉSIDENTE, MYRIAM DUPUIS
Que serait un monde sans la couleur et la diversité que nous offre la nature ? Peut-on accepter qu’elle disparaisse pour satisfaire notre insatiable besoin de consommer ?
Depuis 40 ans, l’écologie en France est politisée, alors que ce débat politique sur l’écologie est pourtant dépassé. Peu importe la couleur d’un gouvernement : où sont les actions concrètes sur le long terme qui permettent « d’étudier les êtres vivants dans leur milieu et les interactions entre eux », qui encouragent une cohabitation sereine avec des espaces autorisant la vie sauvage ?
Pourtant, chacun de nous est bien concerné par l’air qu’il respire, l’eau qu’il consomme, l’espace dont il a besoin et tous les services « écosystémiques » que lui fournit la planète.
Aujourd’hui, le temps d’agir sera bientôt derrière nous. Nous connaissons les conséquences induites par les choix politiques précédents opérés au niveau mondial : rien en faveur de la nature, tout pour produire et consommer plus. Est-ce que la COP 21 nous permettra de concrétiser ce que l’on sait devoir faire ? Nous avons une chance de changer le cours des choses car les solutions technologiques et/ou scientifiques existent. Encore faut-il CHOISIR de les appliquer, CHOISIR l’avenir de notre environnement : avec ou sans la nature, ce qui définira l’avenir de l’humanité.
L’idée de présenter l’exposition « BEAUTÉS NATURELLES » a vu le jour de par une double motivation : la sensibilisation du public à la fragilité de la nature et le besoin de récolter des fonds pour poursuivre les actions de préservation de la nature de TENDUA.
TENDUA est une association totalement indépendante ne bénéficiant d’aucune subvention et ne fonctionnant que grâce aux adhésions et aux dons.
Biographies des photographes de l’exposition : les pros
Julie Boileau
Diplômée de l’École Nationale Supérieure Louis Lumière en 2011, Julie photographie les forêts, les paysages, les territoires et les Hommes.
Exposant régulièrement ses images dans toute la France depuis 2007 lors de festivals, Julie a rencontré TENDUA pour son projet « Dernier Appel », un recueil de portraits photographiques de personnes anonymes et médiatisées partageant un point commun : la sauvegarde de la diversité naturelle.
http://www.julieboileau.com/
Fred Buyle
Apnéiste et photographe belge, il bat plusieurs records du monde d’apnée entre 1995 et 2004. Après la course aux records, il se concentre sur l’art de la photo, passion héritée de son arrière-grand-père, et de la vidéo sous-marine avec une particularité : tous ses clichés ne sont pris qu’en apnée. La formule semble simple : la mer, la lumière naturelle, un appareil photo et une seule inspiration... Depuis 2005, Fred travaille sur le terrain avec des biologistes marins pour des projets de conservation.
http://nektos.net/
Tony Crocetta
Photographe animalier indépendant, infatigable globe-trotter, Tony a longtemps sillonné le monde pour traquer, à travers ses objectifs, tous les porteurs de plumes, poils ou écailles ! Il pose un jour ses valises au Kenya, au cœur même du mythique Masai-Mara, pour se consacrer pleinement à la photographie de la grande faune des savanes africaines. Tony développe un programme de protection des guépards du Masaï-Mara.
http://www.tony-crocetta.com/
Christine et Michel Denis-Huot
Depuis plus de 25 ans, Christine et Michel Denis-Huot passent plusieurs mois par an en brousse, principalement au coeur du Masaï-Mara, où ils observent et photographient la faune africaine et son environnement. Michel a toujours été passionné par la nature et il est tombé sous le charme des grandes étendues sauvages de l’Afrique de l’Est dès son premier voyage au Kenya en 1973, à l’âge de 20 ans.
http://www.denis-huot.com/
Ivan Kislov
Photographe de la nature du bout du monde, Ivan vit dans en Tchoukotka, près du cercle arctique en Russie. La photographie est son hobby qui le détend de son métier ingénieur des mines. Il aime crapahuter dans la nature, là où rien ne semble accessible. Et il s’estime toujours chanceux quand il rapporte de « bonnes » photos. Il a déjà participé à plusieurs festivals de photo, où ses images de renards polaires font l’unanimité.
https://500px.com/ivankislov/
Pascal Kobeh
Photographe sous-marin professionnel depuis 1996, Pascal Kobeh a publié plusieurs livres et a été le photographe principal du film de Jacques Perrin « OCEANS » entre 2005 et 2009 (sortie du film en 2010). Pascal est également médaillé d’argent en 1997, puis d’or en 1998 au Festival de l’image sous-marine d’Antibes, et a gagné le prix de Photographe de nature de l’année au concours de la fondation Veolia Environnement en 2010.
http://www.pascalkobeh.com
Yves Lefèvre
Photographe animalier et moniteur de plongée, Yves est tombé sous le charme de la Polynésie française il y a plus de 30 ans. Il crée, en 1985, le premier centre de plongée sous-marine dans l’archipel des Tuamotu, à Rangiroa : le Raie Manta Club. Sa passion et sa connaissance de la faune sous-marine, et plus particulièrement des requins, ont amené Yves à contribuer à la mise en place de l’interdiction de la pêche de toutes les espèces de requins en Polynésie française et à la création du sanctuaire de Malpelo en Colombie.
http://www.raiemantaclub.com/
Gilles Marquis
Photographe designer, plus spécialisé dans la photo culinaire et mettant volontiers en scène ses enfants, Gilles n’en est pas moins un grand voyageur, toujours à l’affût de ce que le monde peut offrir à son appareil : plus de 110000 km parcourus à son actif ! Plongeur, Gilles garde l’œil ouvert et le doigt sur son déclencheur. Sensible à la cause que défend TENDUA, Gilles a volontiers offert une de ses images pour BEAUTÉS NATURELLES.
http://www.gillesmarquis.com/
Vincent Munier
Photographe animalier professionnel depuis 2002, spécialiste des conditions hivernales, Vincent a reçu à trois reprises un prix au concours de la BBC « Wildlife Photographer of the Year ».Vincent a fait sienne cette phrase de Robert Hainard : “Lutter pour la nature, c’est éviter la condamnation de l’homme ». Auteur d’une douzaine de livres depuis 2000, il déclare « croire encore au pouvoir des images pour révéler la beauté de la nature et participer à une prise de conscience des dangers qui la menacent. »
http://www.kobalann.com/
Alain Pons
Graphiste, photographe, éditeur, Alain est un homme d’image. Depuis plus de trente ans, il parcourt les plus beaux sites naturels du monde pour photographier la faune sauvage et les paysages. Ses images témoignent de recherches esthétiques par lesquelles il veut montrer au public la beauté de la terre afin de mieux le sensibiliser à la richesse du patrimoine qui risque de disparaître. Alain connaît bien TENDUA puisqu’il a créé le logo de l’association.
http://www.alain-pons.com/
Biographies des photographes membres de Tendua
Christian Baillet
Christian avait 7 ans quand à l’occasion d’une visite au zoo de Vincennes, ses parents lui ont confié un appareil Scoutbox-Lumière, et un film noir et blanc 6X8 petits trous, mais c’est en 1975 avec son premier reflex, un Praktica LLC, qu’il s’investit dans la photo. Son coup de foudre pour la photo animalière le frappe en 1989 lors de son premier voyage au Kenya : un article de Pierre Pfeffer du CNRS sur le l’éléphant d’Afrique précisait qu’il ne restait plus que 300 000 individus… Christian continue de parcourir le monde pour en saisir sa beauté et la partager, avant qu’il ne soit trop tard.
Christine Baillet
Éditrice, auteure, passionnée par la nature dans toutes ses dimensions, Christine aime observer éléphant ou ragondin, tigre ou écureuil, ours polaire ou mésange, baleine ou hérisson, chêne ou baobab… tous méritent l’attention et le respect sans pour autant devoir nous en remercier ! La philosophie de TENDUA va bien à Christine : aimer la nature pour ce qu’elle est et non pour ce qu’elle rapporte ! Après un parcours professionnel qui a toujours été en relation avec l’image, Christine vit aujourd’hui des mots, mais garde une passion intacte pour la nature et la photo.
Myriam Dupuis
Voyageuse, photographe, plongeuse, Myriam est fascinée par la diversité et la beauté de la nature sauvage. Inspirée par la force du lien entre l’homme et la nature, elle créé en 2008 l’association TENDUA pour la sauvegarde de la biodiversité.
Souhaitant partager une vision globale de la nature, elle va à la rencontre des scientifiques et du public.
Catalyseur de rencontres, agitateur de consciences, TENDUA ne donne pas de leçons mais est un relai pour la connaissance de l’autre quel qu’il soit, des écosystèmes comme autant d’environnements, et pour le partage de valeurs, sans complaisance.
Olivier Güder
Olivier a connu ses premières rencontres « sauvages » en forêt de Fontainebleau, lieu privilégié de sa passion, où il pratique la « billebaude » toujours très fréquemment.
Cette quête de la faune sauvage l’a conduit régulièrement vers des destinations variées, parfois européennes mais aussi souvent plus lointaines notamment en Afrique et Amérique du Nord. Membre actif de plusieurs associations de protection de l’environnement, Olivier ne ménage pas son temps pour défendre la cause de la nature.
François Moutou
François est Docteur vétérinaire, épidémiologiste, maladies de l’élevage et de la faune sauvage, zoonoses, retraité, Président d’honneur de la société française d’études et de protection des mammifères (www.sfepm.org), expert UICN, mammalogiste, auteur et co-auteur de plusieurs ouvrages scientifiques et de vulgarisation sur ces sujets… et membre de nombreuses associations de protection de la nature, dont TENDUA ! A l’occasion – dès que possible – François voyage avec une paire de jumelles et un appareil de photographie.
PHOTOS DE L’EXPOSITION : Il reste quelques tirages à acquérir : contactez-nous !
Conversation III et Le chemin du papillon
Causses du Quercy, Lot, France - © Julie Boileau
102 : C’est le nombre de communes réunies sur le territoire du parc naturel régional des Causses du Quercy créé en 1999 dans le département du Lot et couvrant 176000 ha. Le parc abrite une mosaïque de milieux, dont les pelouses sèches semées d’arbustes constituent l’un des plus caractéristiques. Toutefois, les rivières et les ruisseaux sinuant dans le substrat calcaire et ourlés de luxuriantes ripisylves* en sont un autre tout aussi remarquable. Pourtant très utiles, certains de ces boisements ripariens* sont menacés par le développement de l’urbanisation des villages.
On comprend mieux le rôle majeur de ces espaces de transition entre les milieux terrestres et aquatiques lorsque l’on sait que non seulement ils forment des corridors biologiques, véritables réservoirs de biodiversité – leurs feuilles, branches et racines procurent le gîte et le couvert à de nombreux invertébrés, reptiles, oiseaux et chauves-souris – mais aussi que l’entrelacs racinaire des arbres permet de limiter l’érosion des berges et d’épurer l’eau en se nourrissant des nitrates et des phosphates rejetés par les cultures et les communes voisines. Au fond, quelle différence entre couper une forêt riveraine au profit d’un centre commercial et arracher une mangrove pour l’installation d’un élevage de crevettes ?
* La notion de ripisylve ou zone riparienne ou forêt galerie, désigne généralement des formations boisées linéaires étalées le long de petits cours d’eau, sur une largeur de 25 à 30 mètres, ou moins. Cette bande est une véritable zone tampon entre le cours d’eau et les terres environnantes.
Tombée du jour
Cap d’Erquy, Bretagne, France - © Julie Boileau
62 : C’est le nombre d’éoliennes qui pourraient bientôt se dresser au large de la baie de Saint-Brieuc, en face du cap d’Erquy, site naturel classé de 170 ha, à moins de 20 km de ses falaises de grès roses peuplées de pins maritimes et de bruyères. Abritant une riche réserve naturelle et célèbre pour ses coquilles Saint-Jacques, la baie est un haut lieu du tourisme en Bretagne. Le gigantisme du projet éolien inquiète donc les vigies de l’environnement. En effet, l’implantation des colossaux pieux de béton nécessiterait de déplacer des dizaines de milliers de tonnes de sédiment marin, dont on ignore si les boues en suspension après l’opération n’étoufferont pas le paysage aquatique et ses habitants. Outre qu’en se propageant loin dans l’eau, le bruit des explosions perturberait les cétacés voisins ! La durée de vie des éoliennes étant limitée, qu’en adviendra-t-il quand elles seront hors d’usage dans 25 ans ? Que dire du risque de collision des oiseaux, ici en colonies, avec les immenses pales de 90 m ? Quid de la résistance de ces moulins géants aux vents, courants et vagues dont on sait la violence potentielle, et du préjudice visuel causé par ces machines qui domineraient l’océan de 216 m ? Parallèlement, une Opération Grand Site des caps Erquy et Fréhel est menée pour préserver et valoriser le patrimoine paysager naturel et culturel local. Logique !
Farandole diablesque
Diables de mer, Princess Alice Bank, Faial, Açores - © Frédéric Buyle
3,70 (m) : C’est l’envergure record connue à ce jour du diable de mer chilien, autrement appelé « diable géant de Guinée ». Rarement observé, cet élasmobranche élégant est encore peu documenté. On sait néanmoins qu’il fréquente les eaux pélagiques des océans Indien, Pacifique et Atlantique, ce qui le rend sensiblement moins vulnérable que ses cousines Mobula et Manta à la pression exercée par les pêcheries côtières, notamment en Indonésie, aux Philippines et au Mexique.
Comme elles cependant, il subit les perturbations environnementales provoquées par l’excès de trafic maritime ainsi que la pollution par les microparticules de plastique en suspension dans l’eau qu’il ingère. Mobula tarapacana constitue également une prise accessoire de pêche, piégé par les filets maillants de haute mer et les palangres. Dans une moindre mesure que ses parentes, il fait également l’objet de braconnage en raison de ses branchies prisées par la pharmacopée chinoise, sa chair étant alors destinée à la consommation humaine ou servant d’appât. L’espèce semble évoluer en faible densité dans son habitat et considérant son faible potentiel reproductif, il est peu probable qu’elle soit assez résiliente pour affronter les dangers croissants des activités anthropiques.
Le royaume du Lion
Lion, Masai Mara, Kenya - © Tony Crocetta
20 000 : C’est l’estimation du nombre de lions vivant aujourd’hui en Afrique, soit 10 fois moins que dans les années 1970, où l’on évaluait la population de Panthera leo à 200 000 représentants. Présent en Europe il y a 2000 ans et en Afrique du Nord il y a 150 ans, le lion est désormais confiné sur 22% de son aire de répartition historique, avec deux tiers de ses effectifs à l’est et au sud de l’Afrique et une population résiduelle de 300 individus en Inde de l’ouest.
Confronté à des pressions anthropiques croissantes le condamnant à des situations de conflit répétées avec l’homme, il doit notamment faire face à la fragmentation et à la perte de son habitat au profit de l’agriculture, de l’industrialisation et de l’urbanisation ; à la dispersion et à la raréfaction de ses proies ; à l’empoisonnement ; au morcellement de ses populations avec pour conséquence à long terme l’isolement génétique et la consanguinité ; à la chasse au trophée dont une partie est illégalement détournée au profit de la pharmacopée asiatique... Certes les projets de conservation se multiplient autour du lion considéré « vulnérable » par l’UICN, mais suffiront-ils à enrayer le déclin de cette icône de notre imaginaire ?
Le repos des sentinelles
Girafes Masai, Masai Mara, Kenya - © Christine et Michel Denis-Huot
40 (%) : C’est le pourcentage du déclin accusé par la population girafes ces quinze dernières années. Elles sont désormais autour de 80 000 à peupler sporadiquement l’Afrique, l’essentiel des effectifs se concentrant à l’est et au sud du continent. On comptait auparavant 9 sous-espèces de girafes, mais de récentes études génétiques semblent faire de 6 d’entre elles des espèces à part entière, dont certaines représentées par à peine quelques centaines d’individus.
En effet l’animal fait face non seulement à la dégradation de son habitat par l’homme, mais, facile à tuer, elle est aussi abondamment chassée pour sa viande, certaines parties servant également à la pharmacopée. En Tanzanie, par exemple, où l’on attribue à la cervelle et à la moelle de l’animal des propriétés curatives du sida, le braconnage s’est accru. Le grand public semble bien ignorer le dramatique déclin de cette géante silencieuse emblématique des savanes africaines. L’UICN, qui considère globalement l’espèce en « préoccupation mineure », accorde néanmoins le statut d’espèce « en danger » aux girafes du Niger et de Rothschild, mais d’autres le mériteraient aussi.
Au cœur de la tourmente glacée
Loup gris, Russie - © Yvan Kislov
60 : C’est le nombre de pays, en Amérique du Nord, en Europe, en Océanie et en Asie, dans lesquels subsiste le loup, sous la forme d’une dizaine de sous-espèces. Jadis très répandu, Canis lupus a perdu plus d’un tiers de son aire de répartition historique et jusqu’à 95 % dans certains pays. Sa présence n’est plus que sporadique, l’espèce ayant été décimée pour les mêmes raisons que la plupart des autres prédateurs : la perception culturelle d’un animal fantasmé, hantant notre imaginaire collectif, provoquant des sentiments et des comportements ambivalents, mêlant admiration et haine viscérale.
Accusé de prédation sur le bétail, le loup fait encore l’objet de persécutions acharnées. Dans certaines régions il est toujours chassé pour sa fourrure, son trophée ou le simple exploit « sportif ». Ces menaces s’ajoutent à la longue liste des perturbations environnementales générées par l’homme et à la sensibilité de l’espèce à certaines maladies. Naturellement revenu d’Italie en 1992, le loup compte en France environ 250 individus et, bien que protégé par les textes européens, plus de 1000 permis de chasse ont été délivrés en France en 2015 pour en tuer 36, un plafond qui a été augmenté de 50% par rapport à 2014, sans raison particulière. Faut-il préciser que l’animal est également victime de braconnage ?
Les Nymphéas d’Aktun Ha
Cénote Haktun Ha (ou car wash), Péninsule du Yucatan, Mexique - © Pascal Kobeh
2241 : C’est le nombre de cétones recensés sur la péninsule du Yucatan au Mexique. Plusieurs pays en recèlent, mais la péninsule en abrite une extraordinaire concentration. Considérés par les Mayas comme des puits sacrés, les cénotes sont plus prosaïquement des avens karstiques au fond desquels affleure l’eau des nappes phréatiques. Ils mesurent quelques dizaines de mètres de profondeur et se caractérisent par un orifice souvent circulaire et des parois verticales. Avec leurs eaux turquoise ou saphir au cœur d’un écrin végétal, les cénotes sont de véritables pôles de biodiversité peuplés de nombreuses espèces animales et végétales endémiques.
Les activités humaines exercent toutefois de multiples pressions sur ces fragiles écosystèmes. Outre la surfréquentation touristique, certains sont défigurés par toutes sortes d’aménagements, exagérément pompés pour l’alimentation en eau des villes, pollués par les intrants chimiques agricoles et considérés comme des décharges publiques où se déversent les fosses septiques et où l’on vient se débarrasser des déchets ménagers, etc. Plusieurs cénotes sont d’ores et déjà protégés, mais d’autres attendent encore des mesures visant à la sauvegarde et à la gestion durable de leur précieux patrimoine.
À l’école de l’océan
Baleines à bosse, Rurutu, Polynésie française - © Yves lefèvre
90(%) : C’est le pourcentage des baleines à bosse exterminées au milan du XXe siècle, après des décennies de chasse intensive pour leur graisse, leur viande et leurs fanons. Bénéficiant depuis 1986 d’un moratoire instauré par la Commission Baleinière Internationale, elle s’est vue attribuer par l’UICN le statut d’espèce « en danger » en 1986, puis « vulnérable » en 1990. Elle est désormais « en préoccupation mineure », à l’exception de ses représentantes en mer d’Arabie et en Océanie, toujours considérées comme « en danger ».
Partout néanmoins, elle reste confrontée à de multiples menaces, notamment la chasse sous couvert de prélèvements scientifiques et de tradition ; l’exploitation pétrolière et gazière offshore au large des côtes sud-américaines et africaines ; la pollution aux microparticules de plastique, produits chimiques et hydrocarbures ; le trafic maritime et son cortège de collisions et de perturbations sonores ; les filets de pêche abandonnés qui sont autant de pièges... Cette voyageuse au long cours visite tous les océans du globe, naviguant du nord au sud et inversement selon les saisons, pour se nourrir, aimer et mettre bas. De par sa vaste répartition, la baleine à bosse bénéficie d’une protection inégalement mise en œuvre, force est donc de rester vigilant !
Réflexion tropical
Rodrigues, Archipel des Mascareignes,, Océan Indien - © Gilles Marquis
85 (%) : C’est le pourcentage des effectifs de l’ourlet (nom local du poulpe) qui ont disparu du lagon de Rodrigues, où la surpêche a fait des ravages. Affleurant à environ 560 km de Maurice et 835 km de La Réunion, Rodrigues est la plus petite des trois îles d’origine volcanique de l’archipel des Mascareignes. L’île modeste et authentique. D’une surface deux fois supérieure à celle de ses terres émergées, son richissime lagon accueille une abondante faune aquatique. Nombre de Rodriguais y trouvent leur principale source de revenus, mais la surpêche a déjà remis en cause leur subsistance, sans oublier les dommages causés à la biodiversité.
À ce titre, l’exemple de la pêche à l’ourite est significatif du « exploiter intelligemment ». La raréfaction de la ressource a en effet conduit les autorités à instaurer une période annuelle de suspension des prises, afin de permettre à ce futé céphalopode de se reproduire. Deux mois par an, plus de 1 000 pêcheurs sont ainsi privés de leur travail, mais peuvent exercer des emplois alternatifs, notamment en faveur de l’environnement (élimination d’espèces invasives, nettoyage de sites pollués, etc.). Ces mesures semblent efficaces – la taille des ourites et le nombre des prises augmentent à nouveau – et ont incité l’île Maurice à suivre la même politique. « Consommer mieux », là est l’enjeu.
Six moineaux friques
Moineaux friquets, Vosges, France - © Vincent Munier
10 (%) : C’est approximativement la proportion de la population européenne de moineaux criquets nichant en France. Plus petit que le moineau domestique, il est aussi plus campagnard, peut-être parce qu’il a ainsi moins de chance d’entrer en concurrence avec son cousin citadin ! En dépit de sa vaste répartition et d’effectifs chiffrés en millions d’individus, ce petit volatile a régressé en Europe occidentale et connaît un sort très inégal selon les pays. Au Royaume-Uni la baisse estimée à 97 % ces trente dernières années est la plus spectaculaire. En France, d’une région à l’autre, Passer montanus volette entre stabilité, déclin et disparition totale, ce qui le classe ici parmi les espèces « quasi menacées » localement, tandis qu’il est en « préoccupation mineure » au niveau international. Les changements des pratiques agricoles, tels que le remembrement, l’augmentation de la surface des parcelles et développement des monocultures, avec pour conséquences l’uniformisation des paysages, ont fortement affecté le moineau friquet au cours du XXe siècle. De nos jours, l’usage des pesticides continue de tarir ses sources de nourriture. Le moineau friquet est un précieux indicateur de l’évolution des milieux agraires, auquel il serait temps de s’intéresser vraiment malgré son air modeste.
Le carrousel des zèbres
Zèbres de plaine, Serengeti, Tanzanie - © Alain Pons
2/3 : C’est le nombre d’espèces de zèbres dont l’avenir est incertain. Il existe en effet trois espèces de cet équidé à rayures. Le zèbre des plaines est le plus répandu avec plus de 600 000 individus. Il escorte la migration des gnous en Afrique de l’Est et on le contemple à loisir lors de safaris. Vient ensuite le zèbre de montagne, dont moins de 10 000 adultes subsistent en Afrique du Sud et en Namibie. Abusivement chassé pour sa peau, il est aussi confronté aux pratiques agricoles qui impactent ses déplacements et son accès à l’eau, ce qui lui vaut d’être considéré comme « vulnérable » par l’UICN. Enfin, le zèbre de Grévy, endémique de l’Éthiopie et du Nord du Kenya, est le plus rare et figure sur la liste rouge des espèces « en danger » de l’UICN. Il faut dire qu’il a perdu plus de la moitié de ses effectifs au cours des vingt dernières années et ne compte plus aujourd’hui que 2000 représentants environ.
En cause : la chasse pour sa viande et pour la pharmacopée traditionnelle, la concurrence du bétail domestique pour les pâturages, la dégradation de l’habitat et la réduction des sources d’eau. Malgré la protection légale dont ils font l’objet, les zèbres de montagne et de Grévy restent dans une situation préoccupante.
Aurore ardente
Vautour, Masai Mara, Kenya - © Christian Baillet
80 (%) : C’est le pourcentage de la population de 8 espèces de vautours d’Afrique éradiquées au cours des trois dernières générations. En cause, les empoisonnements directs (les visant) et indirects (visant les animaux dont ils mangent les carcasses), ainsi que la pharmacopée traditionnelle, deux facteurs qui, dans certains pays, constituent 90 % de la mortalité des vautours d’Afrique. Sans oublier les perturbations environnementales dues aux activités humaines (circulation de véhicules, présence d’infrastructures, chasse...).
Derniers maillons de la chaîne alimentaire, ces grands oiseaux nécrophages jouent un rôle déterminant dans l’équilibre de la nature. En dévorant les restes d’animaux morts, ils empêchent la pollution de l’eau et la propagation de maladies. En Inde l’effondrement des effectifs de vautours a conduit à la prolifération des chiens errants devenus les principaux consommateurs de charognes, et vecteurs de rage ainsi que d’autres pathologies. En Europe, les vautours sont peu épargnés aussi, victimes des pesticides agricoles et des poisons utilisés pour le piégeage des prédateurs. La plupart des espèces sont néanmoins protégées.
Sous la pluie vitale
Éléphants, masai Mara, Kenya - © Christian Baillet
10(ans) : C’est l’échéance à laquelle l’organisation des Nations Unies estime que plus d’un tiers de la population mondiale sera exposée à des pénuries d’eau. Dans la corne de l’Afrique en première ligne, le Kenya est, à l’instar de ses voisins, confronté à des sécheresses répétées. Outre la famine et son cortège de pertes humaines, l’absence d’eau menace également tout l’environnement, notamment les animaux qui succombent pareillement.
Pour l’éléphant qui a besoin de boire quelque 100 litres d’eau par jour, la sécheresse est une catastrophe. En 2009 par exemple, la région de Samburu a vu disparaître 38 de ces majestueux pachydermes, victimes directes de la sécheresse. Un phénomène que certains scientifiques attribuent au réchauffement climatique. Pour mémoire, le rejet exponentiel des gaz à effet de serre lié aux activités humaines contribue au changement du climat, ce à quoi l’Afrique participe pourtant beaucoup moins que les autres continents. À titre d’exemple, en 2010 un Européen de l’Union rejetait 7,3 tonnes/an de CO2 en moyenne, tandis qu’un Africain n’en rejetait que 0,9.
Prémices d’orage
Le Hourdel, Baie de Somme, France - © Christian Baillet
3000 (ha) : C’est la superficie en hectares de la baie de Somme protégés par le statut de réserve naturelle, sur les 7000 couverts par la baie. Reconnue sur le plan international pour sa richesse écologique, la baie de Somme compte parmi les sites Natura 2000 et Ramsar pour la protection des zones humides. Haut lieu de rassemblement d’oiseaux, la baie accueille également la première colonie de veaux marins (phoque commun) en France. Malgré les diverses mesures de préservation dont bénéficie son riche patrimoine naturel, la baie de Somme n’en est pas moins victime non seulement de la pollution de l’eau (hydrocarbures, métaux lourds...) et des pressions anthropiques (pêche, chasse, tourisme, activités sportives et récréatives...).
Principalement composé de slikkes, des vasières salées non végétalisées, et de shorres, (prés salés), le territoire maritime de la baie est également menacé d’ensablement, un phénomène d’origine naturelle, amplifié par l’homme qui a cassé l’énergie des marées et modifié le méandrement des cours d’eau par des travaux d’endiguement et de canalisation.
Guépard repu cherche abris feuillu
Femelle guépard, Masai Mara, Kenya - © Christian Baillet
87(%) : C’est le pourcentage des effectifs du guépard décimés par l’homme au cours des cent ans écoulés. La fragmentation et la perte d’habitat résultant des pressions anthropiques croissantes, la raréfaction des proies, le piégeage, le tir à vue, la chasse sportive et le braconnage, continuent d’hypothéquer sérieusement l’avenir du guépard. Son aire de répartition s’étendait il y a quelques siècles encore de l’Afrique à l’Asie moyen-orientale, mais le déclin ininterrompu de l’espèce en cantonne désormais une population résiduelle en Iran et l’essentiel en Afrique subsaharienne. Ses principaux bastions sont l’Afrique de l’Est (Kenya et Tanzanie) où l’animal occupe à peine 6 % de sa répartition historique, et l’Afrique australe (Botswana et Namibie) ou ce chiffre atteint péniblement 21 %.
Félin éminemment singulier, unique représentant de son genre zoologique, le guépard est d’autant plus menacé que son patrimoine génétique s’appauvrit et qu’il se reproduit mal en captivité. Considéré vulnérable par l’UICN, il est en Annexe I de la CITES, sauf en Namibie, au Zimbabwe et au Botswana où on le chasse quand il porte préjudice aux intérêts humains.
La Longue Marche
Oryx, Sossusvleï, Désert du Namib, Namibie - © Christine Baillet
45 (%) : C’est le pourcentage de la population d’oryx vivant à l’intérieur de réserves privées. Cette antilope grégaire et nomade a vu ses effectifs et sa distribution dangereusement réduits aux XIXe et XXe siècles, au profit des activités humaines. Devenue un trophée de chasse très prisé, elle revêt de nos jours une grande importance économique, en particulier en Afrique du Sud. Cela explique son introduction massive dans les propriétés privées, y compris en dehors de son aire de répartition naturelle.
Les espaces protégés accueillent 35 % des représentants de l’espèce, qui trouvent ainsi des refuges pour échapper aux pressions anthropiques grandissantes. L’oryx résident d’Afrique australe n’est cependant pas en danger, au contraire de son cousin du Nord-Est de la corne africaine l’oryx Beisa, « quasi menacé » selon l’UICN, et de son autre d’Afrique du Nord et saharienne, l’oryx algazelle éteint à l’état naturel et dont seules quelques dizaines d’individus survivent en captivité. Particulièrement adapté aux conditions arides, l’oryx trouve de quoi s’hydrater dans les végétaux dont il se nourrit, et se révèle capable d’augmenter sa température corporelle jusqu’à 45°C afin d’éviter les pertes hydriques en transpirant et en haletant.
La Matriarche
Éléphante, Tsavo, Kenya - © Myriam Dupuis
100 : C’est le nombre d’éléphants encore tués chaque jour en Afrique, où près de 75 % des effectifs de l’espèce ont disparu ces quarante dernières années. Il en resterait aujourd’hui autour de 470 000, dont les deux tiers se partagent entre l’Afrique australe et l’Afrique de l’Est. Décimé au XIXe siècle, surtout pour son ivoire, l’animal a disparu de nombreux pays. Interdite par endroit au cours des années 1930, sa chasse reprit de plus belle dans les années 1970. Quelque 70 000 éléphants étaient alors exterminés chaque année pour leurs précieuses défenses. Malgré son statut actuel d’espèce « vulnérable » selon l’UICN et l’interdiction de son commerce par la CITES qui le classe en Annexe I, près de 38 000 éléphants continuent d’être braconnés tous les ans sur l’ensemble du continent. S’ajoutent la fragmentation et la perte d’habitat dues au développement démographique de l’homme et à l’essor croissant de ses activités, notamment l’exploitation minière, forestière et agricole, avec pour effet de démultiplier les situations de conflits homme-éléphant, l’animal étant privé de ses itinéraires habituels d’accès à l’eau et à ses sources de nourriture. L’animal fait aussi l’objet d’une chasse « sportive » légale, régie par des quotas, dont les copieux revenus sont rarement affectés à la protection de l’espèce malgré ce qui est prétendu.
Champagne Pool
WAI-O-TAPU, Nouvelle-Zélande - © Myriam Dupuis
75(°C) : C’est la température de surface de ce lac légèrement acide, surnommé Champagne Pool. Façonné il y a moins de mille ans, ce joyau doit ses couleurs surréalistes à la présence de souffre, de métaux lourds, de stromatolithes (formations rocheuses d’origine organique), de bactéries thermophiles et d’un épais tapis d’algues. Site touristique depuis plus d’un siècle, le lac fait partie du plus vaste complexe géothermique de Nouvelle-Zélande, l’un des 129 du pays. En dépit de son potentiel de production énergétique chiffré à 440 MW, le site n’est pas exploité, grâce à la protection dont il bénéficie depuis 1990.
Les ressources géothermales utilisées depuis longtemps en Nouvelle-Zélande contribuent pour environ 15 % à la production d’électricité du pays, contre 28,5% pour les énergies fossiles, le reste se répartissant entre l’hydraulique (51,5 %), l’éolien (4,6 %) et la biomasse (1,4 %). La géothermie est la filière d’énergie renouvelable la plus dynamique du pays, mais l’impact environnemental et paysager de son développement n’est, comme partout ailleurs, pas négligeable : altération quantitative et qualitative des eaux souterraines, déstabilisation de la structure des terrains, pollutions diverses liées aux équipements et infrastructures de forage...
La Forêt enchantée
Tamarins des Hauts et Barbe de Saint-antoine, Forêt de Tévelave, île de la Réunion - © Myriam Dupuis
40(%) : C’est la superficie de l’île de La Réunion couverte par le cœur du parc national, qui protège depuis 2007 un ensemble de pics volcaniques, pitons, cirques et escarpements, gorges et massifs boisés, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. À l’instar de nombreux espaces insulaires, la Réunion est un repaire d’espèces endémiques – 389 espèces de plantes sont endémiques (236 endémiques strictes et 153 endémiques régionales) sur les quelque 900 recensées-, parmi lesquelles le tamarin des Hauts. La forêt de tamarins des Hauts faisait presque tout le tour de l’île avant l ‘arrivée des hommes. Souvent couché par les cyclones, Acacia heterophylla s’établit entre 1 200 et 2 000 m d’altitude et peut atteindre 20m de haut. Ses graines peuvent rester dans le sol des années attendant qu’un cyclone ou qu’un incendie naturel permette leur germination.
Quant à la barbe de Jupiter, appelée barbe de St Antoine ou usnée barbue, c’est un lichen qui absorbe les minéraux contenus dans l’air : les usnées comptent parmi les organismes les plus sensibles aux polluants atmosphériques, ce qui en fait de précieux indicateurs naturels de la qualité de l’air. Cette forêt, appelée aussi tamarinaie, est un environnement fragile, colonisée par des espèces invasives pour lesquelles des plans d’éradication sont mis en place.
Œuvre Lichénique
Massif des Rocheuses, PN de Banff, Alberta, Canada - © Myriam Dupuis
3300 : C’est la quantité d’espèces de lichens présentes en France parmi les 20 000 recensées dans le monde. Les lichens sont en général le produit de l’association d’un champignon et d’une algue et bien qu’ils colonisent toutes sortes de supports organiques ou non, ce ne sont pas des parasites. Organismes pionniers capables de résister aux conditions extrêmes de chaleur ou de froid, les lichens colonisent les milieux les plus inhospitaliers. Ils sont les premiers à s’installer sur les roches et laves à peine refroidies après une éruption volcanique. Dépourvus de feuilles, de tige et de racines, ils ne bénéficient d’aucun mécanisme de défense ni d’élimination. Totalement dépendants de l’atmosphère, leurs tissus en absorbent toutes les molécules, y compris les polluants (soufre, azote, métaux lourds, poussières industrielles, pesticides, etc.) qu’ils tolèrent plus ou moins bien selon leur sensibilité.
Ce sont par conséquent de précieux indicateurs de la santé d’un environnement donné. Comme les autres espèces vivantes de la planète, ils sont sensibles au réchauffement climatique et l’on a constaté que la répartition de certains d’entre eux, habituellement méridionaux, s’étendait vers le nord. Bien qu’étudiés, les lichens restent un mystère pour la science et un maillon indispensable à l’installation de la vie organique.
Miroir sans tain
Aigrette garzette,Camargue, France - © Myriam Dupuis
20 (%) : C’est le pourcentage approximatif de la surface totale du delta du Rhône protégés par le statut de parc naturel régional, soit 25 000 ha. Doté d’un patrimoine biologique exceptionnel, le delta, dont la Camargue est le fleuron, est notamment formé de steppes salées, de lagunes et de marais, refuges d’innombrables espèces, en particulier d’oiseaux. Escale vitale sur le trajet des grands migrateurs, cette réserve de la biosphère accueille à elle seule 398 espèces aviaires, soit plus de 50 % de celles présentes en France. Aux portes de grandes agglomérations, la Camargue est un territoire fragile dont la conservation n’est pas exempte de problèmes : les eaux d’irrigation du Rhône chargées de polluants se déversent en partie dans ses étangs, contaminant poissons et oiseaux ; l’espace dunaire est menacé par la houle, les tempêtes et le piétinement des visiteurs, qui sont autant de facteurs d’érosion et de dégradation des peuplements végétaux ; les steppes salées sont rognées par les activités agricoles ; enfin, plusieurs espèces aviaires nicheuses voient leur reproduction affectée par les prédations. De plus, la région est soumise à des contextes juridiques variés (privés, communaux, régionaux, nationaux et internationaux) qui compliquent la gestion de sa sauvegarde.
Seule dans les nuées
Frégate superbe, Archipel des Galapagos, Équateur - © Olivier Güder
1000 : C’est le nombre de couples de frégates superbes présents aux îles Galápagos. Dans l’archipel équatorien, véritable laboratoire de l’évolution réputé pour son endémisme, l’oiseau marin a développé une morphologique distincte, en étant plus grand (envergure, queue, bec, tarses, etc.) que ses congénères du littoral continental.
Plusieurs hypothèses au phénomène sont avancées. Parmi elles, la fermeture de l’isthme de Panama il y a 2,8 millions d’années pourrait avoir contribué à l’isolement génétique de l’oiseau, pourtant capable de parcourir de très vastes distances. Un comportement reproducteur ou alimentaire particulier sous l’influence de variations climatiques survenues au cours des millénaires pourrait pareillement avoir créé les conditions de cet isolement. Bien que la frégate superbe vive en des lieux protégés, néanmoins très fréquentés, et considérant la faiblesse de ses effectifs, la moindre catastrophe naturelle ou d’origine humaine menace son avenir. D’aucuns recommandent que l’UICN lui concède un statut spécial, autre que celui du reste de l’espèce largement répandue sur les côtes atlantique et pacifique d’Amérique, de la Floride au sud du Brésil, Caraïbes incluses, et de la Californie à l’Équateur, une petite population nichant aussi au Cap Vert au large du littoral africain.
Petit matin brumeux dans le grand Nord
Porcupine river, Yukon, Canada - © Olivier Güder
3 : C’est le nombre de parcs nationaux du Yukon sur les 37 que compte le Canada, trois espaces couvrant 26 500 km2 de nature sauvage, soit à eux seuls environ 9 % de la totalité des parcs et près de 6 % de l’ensemble de la province. Avec seulement 36 000 habitants pour une superficie de 480 000 km2, on pourrait croire que le Yukon échappe aux pressions anthropiques. Mais après la ruée vers l’or au XIXe siècle, cet immense territoire aux confins de l’Alaska subira bientôt la ruée vers le gaz de schiste, dont le Canada compte se faire une spécialité (à l’instar du pétrole issu de sables bitumineux), afin de se placer parmi les premières puissances énergétiques mondiales, ce malgré le coût environnemental exhorbitant d’une telle activité. Les paysages dévastés par la destruction des écosystèmes et de la biodiversité qu’ils hébergent pour faire place aux infrastructures d’exploitation ne forment que la face émergée de l’iceberg. La technique de fracturation hydraulique utilisée pour l’extraction du gaz nécessite l’emploi de millions de litres d’eau et de solvants susceptibles de polluer les nappes phréatiques comme cela a été constaté aux États-Unis. L’extraction de gaz de schiste peut également provoquer des séismes, comme les deux qui ont eu lieu en Colombie-Britannique en 2014. Est-ce bien raisonnable ?
Le Château
Massif du Drakensberg, Afrique du Sud - © François Moutou
5 000 (km2) : C’est la superficie du massif du Drakensberg, dont les montagnes culminant à 3 480 m se dressent à cheval sur la lisière entre l’Afrique du Sud et le Lesotho. Par sa diversité et son endémisme, la région est reconnue comme l’un des huit points chauds de la biodiversité végétale en Afrique australe. On y compte en effet quelques 2 153 espèces botaniques dont 247 n’existent nulle part ailleurs.
On y trouve également des milliers de peintures rupestres du peuple San. L’ensemble forme un patrimoine à la fois naturel et culturel qui a conduit une partie du massif à être classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Toutefois, de chaque côté de la frontière les espaces protégés sont cernés de zones habitées qui dépendent de ces reliefs pour leur subsistance et dont le développement ne cesse de croître. Les activités agricoles et le pâturage du bétail érodent l’intégrité du milieu sauvage sur lequel ils exercent de multiples dégradations. L’environnement est également menacé par le réchauffement climatique, qui réduit la couverture neigeuse l’hiver et la disponibilité en eau de la région, avec pour conséquence à plus ou moins long terme une contraction de la zone alpine et des modifications du peuplement végétal.
Pour suivre les rencontres de l’exposition, c’est ici
Vernissage du 5 novembre et rencontre du 12 novembre 2015
Le livre d’Or de l’exposition
Merci à tous ceux qui ont témoigné !