Depuis 2012, TENDUA aide la Fondation Nativa dans son projet de protection du tapir et de préservation de son habitat en Colombie.
Nous avons décidé de passer à la vitesse supérieure, avec votre contribution, et d’aider Nativa et les Indiens Kogi de la Sierra Nevada de Santa Marta en Colombie : replanter des arbres guaimaro, sur le territoire des Kogi, pour repeupler la forêt dans laquelle vit le tapir. D’un côté cela permettra aux Kogi de se nourrir avec les noix produites par cet arbre et de l’autre l’enrichissement en termes de biodiversité devrait avoir un impact positif sur l’ensemble de l’écosystème.
Qu’est ce que le Guaimaro ?
Le Brosimum alicastrum, connu en Colombie comme le guáimaro, est un arbre à feuilles persistantes de la famille des Moraceae, où l’on trouve également le figuier et le mûrier. L’espèce est aussi appelée « noix-pain », « noyer Maya » et « Ramón ». Il peut atteindre 45 mètres de hauteur pour un tronc d’un diamètre atteignant 1,5 m. Cet arbre, caractéristique de la forêt tropicale humide, est distribué du Mexique au Brésil. Il s’adapte à différents climats (humidité, altitude, température) et supporte des sols très divers. Il est pollinisé par le vent.
Son fruit, quand il est mûr, se présente comme une grosse graine couverte par une fine peau de couleur orange à saveur d’agrume, appréciée par de nombreux animaux forestiers, comme des singes et des oiseaux, selon de nombreuses observations scientifiques. Un seul arbre produit chaque année entre 150 et 180 kg de fruits et cela pendant environ 120 à 150 ans. En général, un arbre a tendance à porter ses premiers fruits vers 6-8 ans, mais récemment, une variété a été découverte qui porte des fruits dans sa 4e année. Les fruits secs peuvent être conservés 5 ans (Source : www.onlyfoods.net/brosimum-alicastr...). Sa noix est riche en fibres, calcium, potassium, acide folique, fer, zinc, protéines et vitamines A, E, C et B , ce qui lui confère des propriétés nutritionnelles comparables à celles du soja, du quinoa et de l’amarante.
Elle contient 2x plus de protéine, 7x plus de calcium, 4x plus de fer et beaucoup plus de vitamines C, B et D que le maïs. Elle a un index glycémique faible (<55), ce qui en fait un aliment bon pour les diabétiques, 0% MG et pas de gluten, ni d’allergènes connus !
Les graines fraîches peuvent être cuites et mangées ou mises à sécher au soleil et consommées plus tard. En purée, en galette, en bouillie, en soupe, comme pain, ou moulues en farine ; grillées, elles servent de succédanée au café. Rôties ou cuites, les graines ont un goût de châtaigne. En version salée ou sucrée, au choix !
Le feuillage de l’arbre sert également de fourrage pour le bétail quand l’herbe n’est pas suffisante, et les feuilles aident les bovins à produire jusqu’à deux litres de lait de plus par jour !
En usage médicinal, les feuilles sont utilisées pour traiter l’asthme et autres affections pulmonaires et le latex est utilisé pour extraire les dents infectées. La sève de cet arbre est aussi utilisée pour soigner l’anémie. Les graines sont galactogènes et favorisent la lactation chez les mères qui allaitent. Les graines sont très riches en tryptophane et sont utilisés comme un aliment calmant et un somnifère.
Le rôle écologique du guaimaro est plus qu’important : il cohabite avec une grande variété d’espèces, au niveau flore et faune, qui interagissent directement avec lui : chauves-souris frugivores, au moins 39 espèces d’oiseaux, y compris les aras rouges, les singes hurleurs, les singes araignées, les rongeurs, comme les ajoutais et les les écureuils, les cotais. Les jeunes plants sont consommés par le cerf de Virginie (à queue blanche) et des cerfs daguet, des pécaris et c’est l’un des fruits préférés des tapirs.
En outre, comme beaucoup d’arbres, ses racines profondes le font résister au réchauffement global : avec l’aide de micro-organismes, le guáimaro capture le CO2 de son environnement en le déposant dans le sol. Il a en plus la propriété de renforcer la précipitation du carbonate des oxisols tropicaux, où les accumulations ne seraient pas attendues en raison des conditions acides dans ces types de sols (source : http://www.biogeosciences.net/8/175...). Il enrichit donc les sols où il vit.
Cela en fait une espèce importante pour la conservation et prometteuse pour la restauration des forêts car cet arbre se contente de sols dégradés, salés ou secs et n’exige aucun entretien spécifique une fois planté.
Qui sont les Kogi ?
Les indiens Kogi sont les descendants des Tayronas qui vivaient sur ces terres de la Sierra Nevada de Santa Marta.
A seulement 42 km de la mer des Caraïbes, ces montagnes culminent déjà à 5 775 m : il s’agit du plus haut massif côtier du monde. C’est le début de la Cordillère des Andes. La Sierra Nevada couvre près de 17 000 km2 et abrite les sources de 36 rivières.
D’autres populations amérindiennes vivent également dans la Sierra Nevada de Santa Marta.
Ces terres ont été confisquées à l’époque par les narco-trafiquants. Depuis, plus de 2350 ha ont été rachetés au profit des Kogi et à la question « pourquoi avez-vous besoin de ces terres ? », les Kogi répondent très simplement qu’ils prennent soin de l’eau et de la forêt sans lesquelles les hommes de la planète ne peuvent pas vivre.
Dans leur vision du monde, les Kogi comparent la Terre à un corps humain auquel nous faisons subir simultanément de nombreuses opérations, toujours plus violentes : un à un, morceau par morceau, ses organes lui sont retirés, découpés pour aller chercher toujours plus loin du pétrole, du gaz, des minéraux... Les lois humaines que nous avons bâties au fil du temps ne peuvent pas s’exonérer des lois de la nature.
Si nous continuons à maltraiter la nature, les maladies vont s’étendre. Nous n’avons pas de papiers, nous travaillons dans le cœur et dans l’âme (…). Nous pensons différemment mais il nous faut trouver une pensée commune afin de développer un seul chemin. Ce chemin, c’est conserver la nature. Il faut qu’on le trouve. La nature nous montrera ce qu’il faut faire.
Historique du projet de « nurseries de Guaimaro »
Depuis 2008, Nativa travaille avec les Kogi sur leur territoire à l’amélioration des connaissances concernant un animal discret de nature : le tapir (Tapir terrestre, Tapirus terrestris). .
Ce projet de repeuplement forestier avec des arbres natifs de la Sierra Nevada a été initialisé en 2014.
Avec l’appui des associations françaises Envol Vert, Tchendukua, Terre et Humanisme, 8000 euros ont permis le lancement du projet de plantation de guáimaros, à Palomino et au Río Ancho, dans la Sierra Nevada. Ce sont 7000 guáimaros qui ont été plantés et soignés pendant deux ans dans le bassin bas du Río Ancho, lieu de la première pépinière, à plus de 5h de route de l’endroit où les arbres ont été définitivement plantés.
En 2016, Franz-Kaston Florez, El Mama José Miguel, Javier, José de la communauté Kogi et Pedro, le chauffeur qui assure le transport entre la pépinière et la forêt où sont plantés les arbres, sont les membres actifs du projet. Les associations françaises n’ont pas poursuivi leur aide au projet pour des raisons internes à leur organisation.
Ces arbres ont besoin de 6 ans avant de produire leurs premiers fruits, les noix de guaimaro, qui seront récoltées et consommées directement par la communauté Kogi. Il ne s’agit pas, à ce stade, d’une activité commerciale, mais d’une activité de subsistance : les noix seront utilisées par les Kogi pour leur consommation propre, soit directement, soit cuisinées ou moulues en farine.
Quelques chiffres
Taille d’une pépinière : 10m sur 1,80 m.
Plus besoin de soin au bout d’1 an, maximum 2 ans.
Temps de transport actuel entre pépinière et plantation des arbres : > 5h
Temps de transport après la création des pépinières sur site :
15 min
Il est encore trop tôt pour mesurer l’impact réel de cette reforestation sur le biotope (flore & faune), mais actuellement, l’expérience montre que 85% des arbres ainsi plantés survivent et se développent normalement.
C’est déjà un succès !
En 2015, NATIVA a poursuivi la production de jeunes plants de guaimaros en association avec le village Kogi de la Muralla dans le bassin de la cassée des « Coquitos ».
En 2016, le soutien de TENDUA a permis de planter 200 guáimaros sur le territoire du tapir dans la Sierra Nevada.
TENDUA veut faire plus et aider à la création de nouvelles pépinières près de la forêt où les arbres sont destinés à grandir. Nous mettons en place dès à présent un financement participatif via notre site, sur le bouton "faites un don ! A vous de jouer et de préciser que vous souhaitez que votre don aide le repeuplement forestier !
Les objectifs du projet
➢ Créer 5 pépinières « satellites » : de petites pépinières situées tout près de l’endroit où les arbres guaimaro seront définitivement plantés. Cette méthode de pépinières « satellites » est le fruit de l’expérience : en effet, plus le transport est long, moins il y a de chance que les plants survivent une fois en terre. Actuellement, il faut plus de 5h de transport dans des conditions difficiles.Donc des pépinières près de la forêt augmentent les chances de succès du projet ! Avec 3000 euros, on peut construire une pépinière pour 1000 plants de guaimaros, avec un réservoir d’eau et tuyau d’arrosage, des sacs, des outils de pépinière et faire l’acquisition les matériaux nécessaire à sa construction et, bien sûr, les plantules de guaimaros !
➢ Poursuivre le suivi en images des grands mammifères, bio-indicateurs de la biodiversité, (tapirs, jaguars, pumas, pécaris et cerfs, essentiellement) au moyen d’appareils photo et de caméras cachées. NATIVA dispose à ce jour de seulement 6 pièges photos neufs, mais il faut des batteries, des cartes, des hommes pour récupérer les cartes, et d’autres appareils photos pour multiplier les chances d’assurer ce suivi ! Avec 2000€, on peut acheter des batteries rechargeables et des cartes-mémoire pour les 6 appareils photos existants, et on assure la rémunération des Kogi qui collectent les cartes mémoire des pièges photos pendant 1 an.
➢ Étudier davantage l’arbre, comme par exemple la photo-phénologie du guaimaro dans la région, et mieux connaître les espèces animales qui mangent la noix de guaimaro.
➢ A terme, mettre en place une exploitation de subsistance pour les Kogi puisque, historiquement, la noix de guáimaro, particulièrement intéressante pour les enfant, servait de base d’alimentation.
L’équipe terrain du repeuplement forestier
Franz-Kaston Florez, 46 ans
Père d’une jeune fille de 11 ans, Franz Kaston vit entre Bogota et Santa Marta, en Colombie.
Docteur vétérinaire, herpétologie, spécialiste du terrain.
Film documentaire 2014 : L’homme aux serpents
Quelques publications scientifiques de Franz-Kaston :
2008 : Tapir Conservation The Newsletter of the IUCN/SSC Tapir Specialist Group
2014 : Contributions to the land cover use by the lowland tapir, Tapirus terrestres colombiens HERSHKOVITZ 1954 (Perissodactyla : TAPIRIDAE) in the Sierra Nevada de Santa Marta in the bassins of Ancho and Palomino rivers - Northern Colombia
2015 : Phylogeography and spatial structure of the lowland tapir (Tapirus terrestris, Perissodactyla : Tapiridae) in South America.
Juillet 2015 : Who’s Who in the Tapir Specialist Group
Phylogeography of the Mountain Tapir (Tapirus pinchaque) and the Central American Tapir (Tapirus bairdii) and the Origins of the Three Latin-American Tapirs by Means of mtCyt-B Sequences
Sept. 2015 : Skin micro-organs from several frog species secrete a repertoire of powerful antimicrobials in culture
Avril 2016 : Frog skin cultures secrete anti-yellow fever compounds
Juillet 2015 : Who’s Who in the Tapir Specialist Group
En juillet 2001, Franz-Kaston participe à la première capture vivante d’un tapir de montagne (Tapirus pincharde) dans la Cordillère Centrale, dans la cadre de l’étude sur les 3 espèces de tapir vivant en Colombie. Les recherches recherches sur ces animaux passent par la pose d’un collier satellite devant permettre de les suivre et d’étudier leurs comportements.
Suite à cette expérience il crée la Fondation Nativa le 10 décembre 2001 avec son collègue Álvaro Posada avec pour objet l’aide aux tapirs de Colombie.
Depuis la création de la Fondation Nativa, il fait partie du groupe des spécialistes du tapir de l’IUCN/SSC jusqu’à présent. Aujourd’hui, les actions de conservation de la biodiversité se concentrent sur les tapirs de la Sierra Nevada de Santa Marta, près de la communauté yogi qui partage son territoire avec le mammifère terrestre menacé le plus grand de Colombie. Franz-Kaston travaille sur le projet de reforestation depuis la début.
La meilleure et plus petite action possible que nous pouvons faire pour sauver la Sierra Nevada est de planter et de soigner les arbres auprès des Kogi. Au final, nous aurons les bénéfices des arbres et nous aurons appris la cohérence kogi pour pouvoir réfléchir à l’attitude la plus compatible avec la biodiversité.
El Máma José Miguel Nuevita, llevando
50 ans, marié, 9 enfants ; il vit à Santa Rosa, Colombie.
Il travaille en collaboration avec Nativa depuis 2010.
Le rôle de El Máma José Miguel dans le projet est essentiel :
1. La permission des Maîtres : au niveau immatériel, El Máma demande aux Maîtres de la Sierra Nevada la permission pour Nativa de mener ses actions : planter les arbres et mieux connaître les animaux.
2. La communication au sein de la communauté Kogi : El Máma est l’interlocuteur entre Nativa et les autorités du monde kogi, c’est-a-dire les autres Mámas qui vivent plus haut dans les montagnes de la Sierra Nevada.
3. Le suivi : El Máma suit de près toutes les actions de NATIVA à l’intérieur du territoire kogi.
4. La protection : El Máma protège spirituellement tous ceux qui travaillent avec Nativa et qui entrent dans les montagnes de la Sierra Nevada.
Javier Nuevita
17 ans, célibataire ; il vit à Palomino, Colombie.
Javier travaille sur le projet depuis 2014.
Son rôle dans le projet est celui d’« assistant général ».
Javier est un adolescent rebelle qui, malgré tout, suit les recommandations de El Máma. Il est sur le terrain et soigne les guaimaros car il a « la main verte » ! Il est également traducteur de la langue kogi vers l’espagnol.
José
30 ans, marié, 3 enfants, il vit à San Salvador, Colombie.
José a rejoint l’équipe sur le projet en 2016.
Son rôle est de planter dans la forêt les guaimaros issus des pépinières.
Pedro Duká
67ans, marié, 4 enfants ; il vit à Rio Ancho, Colombie.
Pedro travaille sur le projet depuis 2014
Son rôle dans le projet : « Je conduis les plants de guáimaro depuis Palomino jusqu’au territoire du tapir dans la rivière San Salvador (6 heures de trajet). Je suis aussi le maître des chiens qui ont permis la capture des tapirs pour les études scientifiques. »
En effet, avant d’être dans le projet de Nativa, Pedro chassait les tapirs avec des chiens depuis son enfance et plus tard, pour la subsistance de sa famille. Aujourd’hui, bien qu’il gagne peu d’argent pour son quotidien, Pedro se sent bien car les travaux qu’il fait font du bien à la nature.
Si ce projet vous parle, toute contribution, si modeste soit-elle, est la bienvenue ! N’oubliez pas de préciser que c’est pour la projet de repeuplement forestier en faisant votre don ! Merci d’avance pour votre soutien, et pour la planète !
Bibliographie
1. Berreondo M, Estrada E, Reyes M, Cabrera M, Quintanilla A, Soto R, Fernández J. 2010. Sistematización del aprovechamiento sostenible de la harina del árbol de ramón, Brosimum alicastrum, en consenso con la asociación muralla de león macanché, Petén.
2. GómezJ,MonterrosoA,TinocoJ,ToledoM.2009.Cuartacomunicación nacional de México ante la convención marco de las naciones unidas sobre el cambio climático. Secretaria de ambiente y recursos naturales, Instituto de Ecología, Universidad Autónoma de México, Universidad autónoma de Chapingo. México.
3. LaraN,2012.Comunicaciónpersonal.
4. MeinersM,SánchezGarduñoC,DeBloisS.2009.Elramón:Frutode
nuestra cultura y raíz para la conservación. CONABIO. Universitas, 87:7-10
5. MoralesE,HerreraL.2009.Ramón(BrosimumalicastrumSwartz.)
Protocolo para su colecta, beneficio y almacenaje. Comisión Nacional forestal. Departamento de conservación y restauración de ecosistemas forestales. Yucatán.
6. VegaA,ValdezJ,CetinaV.2003.ZonasecológicasdeBrosimum alicastrum sw en la costa pacifico colombiano. Madera y Bosques. 9(1), 2003:27-53