Le 11 octobre 2012, deux représentants Kogis ont donné une conférence à Vincennes grâce à l’association Tchendukua qui oeuvre pour racheter les terres ancestrales dont ils ont été dépossédés.
Juan Mamatacom et José Gabriel Limako ont expliqué très clairement la vision du monde qu’ont les Kogis sur la nature, sur notre Terre-Mère.
En 1997, ce sont 50 ha qui ont été rachetés au profit des Kogis, puis 500ha en 2000 et 1800 ha en 2012. Sur ces terres, 350 personnes vivent, réparties en 80 familles sur 3 villages.
Le projet actuel du nom de la vallée Mendihuaca consiste en l’acquisition de 1000 ha supplémentaires. Ces terres sont sacrées pour les Kogis : elles appartenaient aux Tayronas dont ils sont les descendants.
Le projet Mendihuaca est prévu sur 3 ans et nécessite la collecte d’1 million d’euros. A la question « pourquoi avez-vous besoin de ces terres ? », les Kogis ont très simplement répondu qu’ils prenaient soin de l’eau et de la forêt sans lesquelles les hommes ne peuvent pas vivre. 70% des terres Kogis sont des forêts auxquelles personne ne touche et qui « fabriquent » de l’oxygène pour la planète... Ils prennent donc soin de la nature pour nous, les « petits frères », afin que nous puissions jouir de ce qui, croyons-nous, nous revient « de droit » : air et eau...
« Sans doute ne le savez-vous pas, mais lorsque vous nous rendez de la terre, vous ne nous rendez pas seulement des terres pour que nous puissions cultiver, vous nous rendez aussi des lieux sacrés, les sites de nos ancêtres où l’on peut faire notre travail traditionnel pour protéger les choses. Sur ces terres et dans la Sierra, grâce aux « cuentas [1] », nous pouvons faire les offrandes nécessaires pour garder la loi. Tout ce matériel que vous nous ramenez comme cela, cela nous permet de retrouver des mots, de faire vivre la mémoire et d’élargir notre pensée pour qu’elle reste vivante, forte. »
Les Kogis sont là pour nous le rappeler, pour faire ce que chacun d’entre nous devrait faire, et pour nous mettre en garde : si nous ne réagissons pas, nous disparaitrons très bientôt.
« Les signaux sont nombreux : réchauffement de la planète, changement climatique, appauvrissement de la mer, des rivières et des lacs, disparition des coraux (voir notre Newsletter N°7)... »
Revenir aux lois de la nature, recommandation simple et frappée au coin du bon sens, semble-t-il. Mais comment faire, alors que nous sommes des générations élevées « hors sol », ayant pour la grande majorité perdu le contact avec la nature telle qu’elle est, et non pas telle que nous la voulons pour nos loisirs, notre repos, nos vacances ?
Les Kogis comparent la Terre à un corps humain auquel nous faisons subir simultanément de nombreuses opérations, toujours plus violentes : un à un, morceau par morceau, ses organes lui sont retirés, découpés pour aller chercher toujours plus loin du pétrole, du gaz, des minéraux...pour notre « bien-être »...
La capacité d’un corps a recouvrer la santé est bien connue de toutes les médecines. Toutefois, il existe un seuil au-delà duquel il n’est plus possible pour ce corps de se régénérer. « Si nous continuons à maltraiter la nature, les maladies vont s’étendre »... et on devine alors l’issue fatale.
Que pouvons-nous faire, nous les « petits-frères », si nombreux et si mal éduqués, si peu conscients de notre présent, de notre devenir, si peu humbles et si peu reconnaissants des bienfaits de la nature ?
La proposition des Kogis est la suivante : « retrouver une relation collective à la nature ». Cela implique de notre part une prise de conscience qui permettra un changement de mentalité qui engendrera, on l’espère, un changement d’attitude.
Les lois humaines que nous avons bâties au fil du temps ne peuvent pas s’exonérer des lois de la nature.
« Nous pensons différemment mais il nous faut trouver une pensée commune afin de développer un seul chemin. Ce chemin, c’est conserver la nature. Il faut qu’on le trouve. La nature nous montrera ce qu’il faut faire ».
Merci à Juan Mamatacom et José Gabriel Limako.
Tendua soutient l’action des Kogis avec la Fondation Nativa.