Inde - Assam - Parc de Kaziranga
Le parc national de Kaziranga
Le parc national de Kaziranga en Assam (Nord-Est de l’Inde) s’impose si l’on souhaite rencontrer le Rhinoceros unicornis indicus ou rhino indien.
Kaziranga occupe un territoire de 430km2 et a été créé en 1910 sur décision du gouvernement impérial britannique afin de protéger l’espèce dont il ne restait plus que 100 à 200 individus dans toute l’Inde.
Un comptage effectué en 2007 [1] estimait la population actuelle à environ 1900 individus dans le parc, soit 60% de la population totale des rhinocéros unicornes.
Cette population s’est reconstituée à partir de la douzaine d’animaux recensés à Kaziranga en 1908, rescapés de la chasse à outrance dont ils furent victimes. Si le succès à long terme de cette opération, qui aura tout de même pris un siècle est évident, il ne faut pas croire pour autant que le rhinocéros unicorne indien est sauver de tout danger d’extinction…(classement UICN : EN), même si, dès 1985, Kaziranga a été inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.
A quelques heures de voiture de Kaziranga, toujours en Assam, le parc national de Orang (78,82 km2) abrite également quelques dizaines d’individus mais c’est au Népal, dans le parc national de Chitwan que l’on peut voir la seconde grande colonie de quelques centaines de rhinocéros unicornes indiens. Malheureusement, il a désormais disparu du Pakistan et du Bangladesh.
Les 3 menaces principales : braconnage, pression anthropique, risque épidémique
Six cents rangers et gardes forestiers œuvrent à plein temps dans le parc de Kaziranga et se relaient dans les 135 postes de surveillance pour lutter contre le braconnage. En effet, la corne du rhinocéros indien, 100% de kératine, est encore l’objet de convoitise, tant pour la pharmacopée chinoise que pour les poignards moyen-orientaux (une corne se paie jusqu’à 15 000 US$). En 2007, 18 rhinos ont été tués par les braconniers et 3 de plus entre janvier et avril 2008, dont un le 30/04/2008 : une mère assommée par les braconniers, morte de l’hémorragie qui a suivi la découpe de sa corne. Son petit d’un an, resté sans défense, a été la proie d’un tigre.
Le repérage de l’animal est probablement fait par un villageois voisin du parc qui communique par téléphone portable les informations nécessaires aux braconniers. Le villageois sera payé quelques centaines de dollars, le braconnier un peu plus, et l’intermédiaire final sera sans doute celui qui bénéficiera le plus de cette opération. Difficile avec de faibles moyens d’enrailler un système qui perdure depuis si longtemps…
Kaziranga, bien que bénéficiant du statut de parc national, n’a pas aujourd’hui de moyens suffisants pour lutter efficacement contre les braconniers. Malgré un nombre important de rangers, la lutte reste inégale. A titre d’exemple, environ 250 rangers sont concernés par un salaire minimum entre 22 et 30€/mois ; quant aux 400 rangers restants, ils reçoivent entre 90 et 150€/mois. Un ranger ayant une ancienneté de plus de 12 ans gagne 129€/mois et souhaiterait gagner 224€/mois (+ 80%).
L’une des ressources du parc sont les touristes, mais il est vrai que Kaziranga reste encore éloigné des circuits touristiques qui préfèrent le Rajasthan (Ranthambore) ou le Madhya Pradesh (Bandhavgarh, Kanha). Tous ces parcs sont confrontés à la même poussée anthropique : les villages à l’orée des parcs ne cessent de rogner sur le territoire de ces derniers, réduisant ainsi l’habitat naturel des animaux sauvages au profit de l’élevage et de l’agriculture, générant des conflits entre les villageois et les animaux sauvages.
Un autre problème menace Kaziranga : si 60% de la population totale de rhinos indiens est concentré dans ce parc, qu’adviendrait-il en cas d’épidémie ? Qui plus, n’y a-t-il pas un risque, à terme, de consanguinité ? Bien sûr, les opérations de déplacement d’individus vers d’autres parcs ont bien lieu (par exemple vers Orang), mais c’est alors le risque encore plus élevé de braconnage qui met en péril la vie des animaux…
Des solutions existent
… Encore faut-il en avoir les moyens, ce qui commence par la volonté de faire …
Mieux équiper des rangers avec des technologies plus récentes (radios, jumelles de vision nocturnes, formations adéquates), éduquer les villages voisins en leur expliquant comment le tourisme peut améliorer leur situation et celle de leurs enfants dans la pérennité, créer des corridors entre les parcs afin que les populations d’animaux puissent se déplacer naturellement, comme elles l’ont fait depuis la nuit des temps, assurant ainsi le nécessaire brassage génétique…
Gageons qu’il n’est pas trop tard.