D’après les résultats de l’évaluation des ressources forestières mondiales 2010 par l’ONU, la plus complète réalisée à ce jour, les forêts du monde représentent un peu moins de 4 milliards d’ha, soit 30,6% de la superficie totale des terres émergées, source FAO 2015. Les 5 pays représentant plus de la moitié de la superficie forestière mondiale sont la Russie, le Brésil, le Canada, les États-Unis d’Amérique et la Chine.
Le taux de déforestation et de perte de forêts au niveau mondial reste alarmant bien qu’étant passé de 16 millions d’ha par an dans les années 90 à 13 millions d’ha sur 2000-2010.
La forêt mondiale absorbe un tiers du CO2 émis par les combustibles fossiles dans l’atmosphère, selon une étude internationale qui alerte, en parallèle, sur les conséquences dramatiques de la déforestation dans le contexte du réchauffement climatique.
Déforestation
Qu’est-ce que la déforestation ? La définition que l’on peut en trouver est « la destruction des forêts par abattage ou incendie afin de créer des espaces agricoles ou urbains, ou pour utiliser le bois pour le chauffage ou la construction ». Les conséquences en sont la disparition des écosystèmes, l’érosion des sols et la modification du climat.
Huile de palme en Asie
Après avoir déforesté à-tout-va et sacrifié ses forêts, la Malaisie en est à sa 4e génération de palmiers et exporte désormais son « savoir faire » en Indonésie. Un palmier à huile commence à produire vers 4 ans jusqu’à 20 ans. L’ajout d’engrais permettra ensuite de poursuivre cette production encore une vingtaine d’années. Outre les engrais chimiques, le problème lié à cette monoculture est l’appauvrissement du sol et la pollution des eaux générés par la décomposition de la masse faramineuse de matières organiques de ces plantations.
85% de l’huile de palme consommée dans le monde (38 millions de tonnes en 2006 contre 21 millions en 2000) sont produites par de grands consortiums malaisiens, indonésiens ou sri-lankais qui la revendent à des groupes internationaux tels qu’Unilever dont la gamme de produits couvre les soins corporels, l’alimentation et l’entretien. La seule et unique raison de cet engouement pour l’huile de palme est son faible coût de production qui n’est, bien sûr, pas répercuté sur les consommateurs mais permet en revanche une marge encore plus importante. En effet, la tristement célèbre huile de palme se trouve dans pratiquement tous les produits du quotidien qu’il s’agisse du célèbre Nutella, de chocolats et autres biscuits sucrés et salés (marque Björg, Monoprix Bio notamment ou des produits Naturalia), lessives, crèmes et savons (Dove), produits cosmétiques, pâtes à tarte, soupes, pains (Harry’s..), etc… En France, l’huile de palme se retrouve dans 1 produit quotidien sur 10.
A ce titre, sachez qu’il n’existe pas de production « certifiée bio » et que le seul label valable à ce jour est le label clair « SANS huile de palme » indiqués sur certains produits (certains pains de chez Jacquet). L’appellation « huile végétale », recouvre en général de l’huile de palme ; s’il s’agissait d’une huile d’olive ou de colza, cela serait clairement indiqué. Même les produits « bio » ou « végétariens » peuvent contenir de l’huile de palme.
On prône désormais le « développement durable » pour la culture sur palmier à huile mais s’agit-il réellement d’un moyen pour arrêter la déforestation ?
Quels sont les intérêts sous-jacents à ce développement dont la durabilité ne semble n’être que la pérennisation d’intérêts déjà installés ?
Il est question également de gérer durablement les exploitations forestières. C’est en tout cas l’approche des pays riches qui veulent exporter leurs connaissances en la matière. Mais à y regarder de plus près, l’exploitation des ressources forestières du Sud est encouragée par les besoins en bois de construction et en papier au Nord. S’agit-il de se donner bonne conscience ou est-ce désormais la seule opportunité de ne pas tout détruire ?
Pendant que l’on « cherche » des solutions pour « faire durer les ressources », la forêt disparaît et les écosystèmes qui y vivent aussi : les rivières sont polluées, la faune terrestre et aquatique meure…
Soja en Amérique du Sud
En Amérique du Sud, 16% de la forêt amazonienne a été convertie pour la culture du soja. Selon les analyses de Lester Brown [1], en 2005, sur 220 millions de tonnes de soja produites dans le monde entier, 15 millions de tonnes sont consommées « directement » par les humains (tofu, lait de soja, yaourts, bougies…), 144 millions de tonnes pour nourrir les animaux d’élevage, notamment les vaches laitières, porcs et volailles : le tourteau [2] de soja est très riche en protéines (En France, le soja représente 70% des tourteaux consommés). Cette culture est en pleine expansion car elle favorise, à faible coût, une croissance rapide des animaux. Les 2 premiers pays producteurs et exportateurs sont le Brésil et l’Argentine. Sans parler de la problématique de la culture de soja OGM… Encore 33 millions de tonnes sont produites pour l’huile dont 7% servent d’agro-carburant. Le coût environnemental et humain est très lourd : en Amérique du Sud, en 100 ans, plus de 90 tribus dépendantes de la forêt ont disparu avec leur langue, leur savoir et leur culture.
Le Brésil à lui seul concentre 13% de la superficie forestière mondiale, avec la portion la plus vaste de forêt tropicale. Dans la région sud-américaine, le Brésil, puis le Pérou, la Colombie, la Bolivie et le Vénézuéla représentent 84% de la superficie forestière régionale.
En 2011, selon l’institut brésilien de recherches spatiales (INPE, selon l’acronyme portugais), la déforestation tendrait à se ralentir au Brésil. Du moins, sur le court terme. Au mois de juillet, indique l’INPE, la forêt brésilienne a reculé de 224,94 kilomètres carrés. Certes, cela représente l’équivalent de la superficie de Marseille, mais cette surface est 53,6% moins importante que celle déforestée en juillet 2010, soulignent les autorités brésiliennes. Cette bonne nouvelle doit néanmoins être relativisée dans la durée. Entre août 2010 et juillet 2011, la forêt amazonienne a, effet, perdu 2.654 km2, un chiffre en hausse de 15,6% en un an.
La déforestation de la forêt amazonienne est suivie par le système Deter (détection de la déforestation en temps réel) de l’INPE. Ce dispositif utilise les images de satellites d’observation de la Nasa qui survolent l’Amazonie quotidiennement. Leur résolution est de 250 mètres. Ces satellites sont capables de détecter des zones de déforestation de plus de 25 hectares. Ce système est ainsi utilisé pour indiquer où et quand la forêt a été défrichée.
Reste à savoir qui est le donneur d’ordre, ce qui n’est sans doute pas le plus difficile, mais encore faut-il une décision politique pour agir contre la déforestation.
Disparition des écosystèmes
Entre 1995 et 2005, en 15 ans, la Terre a perdu 3% de sa surface forestière. Les forêts primaires [3] tropicales – dont plus des 2/3 sont au Brésil (Amazonie), en République Démocratique du Congo et en Indonésie – jouent pourtant un rôle essentiel dans le climat et contre les gaz à effet de serre, la déforestation contribuant elle aux gaz à effet de serre. La forêt absorbe la lumière, là où le sol nu renvoie l’énergie du soleil vers l’atmosphère. La température ambiante moyenne peut augmenter localement de 10°C après une déforestation en zone tropicale. Ce réchauffement local modifie la pression atmosphérique qui influe sur le déplacement des masses d’air et donc des tempêtes. Les cycles pluviométriques sont modifiés à l’échelle mondiale, provoquant des sécheresses et inondations anormales.
Bénéfices de la réduction de la déforestation
Les forêts ne sont pas seulement de très importants réservoirs de carbone mais elles absorbent également très activement le CO2 produit par les activités humaines, aussi les forêts prennent de plus en plus le devant de la scène dans une stratégie pour protéger notre climat.
De plus, les économies rendues possibles par une meilleure gestion de la forêt, en exploitant notamment les bénéfices de la réduction de la déforestation seront bien plus importantes que ce que l’on pensait.
Le patron du Global Carbon Project souligne notamment l’aspect financier dans le cadre du marché du carbone et des compensations prévues dans le mécanisme REDD+ (Réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts).
Ce mécanisme a été adopté formellement lors de la conférence de l’ONU sur le climat à Cancun (Mexique) fin 2010. Il vise à amener les pays ayant des forêts tropicales à éviter de les couper ou à les gérer de manière durable, en leur versant des compensations financières.
Concrètement il ne s’agit pas de baisser les bras et se décourager, mais de prendre conscience de ce que l’on consomme et de diminuer sa consommation de produits contenant de l’huile de palme ou de soja. Lisez les étiquettes, préférez le beurre à la margarine, sélectionnez vos marques, choisissez vos cosmétiques, et le plus important encore, parlez-en autour de vous : plus de consommateurs seront conscients de la situation, plus les entreprises devront prendre en compte leurs avis et les gouvernements seront poussés à prendre position. Il n’est pas forcément trop tard : « quand on croit, on peut ».