Quand on parle de course vers le progrès et d’innovation technologique, il n’est guère surprenant que la modernisation sous toutes ses formes soit presque systématiquement le sujet d’un certain degré d’inquiétude et de scepticisme par nombre d’entre nous. Et à juste titre. Comment ces nouvelles technologies impacteront-elles notre existence dans le monde tel que nous le connaissons et à quel point en seront nous affectés ? Ces changements seront-ils pour le « mieux » ? Et quels pourraient être les effets collatéraux, indésirables provoqués par ces technologies ?
La 5G, point de départ d’un nouveau monde ?
La 5G ou « cinquième génération de technologie de réseau sans fil », est présentée par ses défenseurs comme le point de départ d’un nouveau monde, qui amènera une « quatrième révolution industrielle »[1]. Construite autour et à l’intérieur des hôpitaux, des écoles et autres infrastructures publiques, on promet qu’elle simplifiera notre quotidien, même dans ses aspects les plus banals. Bien entendu, réduire l’effort nécessaire à une tâche donnée reste le principe de toutes technologies.
Cependant, il est impératif de comprendre les implications de ce qui est présenté au public comme un pas en avant nécessaire à la science moderne.
3G et 4G : déjà ringardes ?
La première avancée majeure dans ce domaine scientifique particulier fût caractérisée par l’invention et la mise en place de la 3G, à partir des années 2000. Elle permettait aux utilisateurs de se connecter à internet à partir de leurs appareils mobiles à tout moment. La connectivité était lente et peu pratique, servant principalement pour des tâches simples telles que la gestion de courriels ou autres services nécessitant peu de données.
Après vint la 4G, testée à partir de 2007, implantée en masse à partir de 2010 et officiellement lancée et commercialisée à partir de 2016. Elle permettait une expérience de connexion internet largement supérieure. En résumé, la 4G est une version améliorée de la 3G, bien plus rapide : elle permet aux utilisateurs de charger plus de données sans accès Wi-Fi, de regarder des vidéos, télécharger des films et bien plus encore. Et, alors que cette quatrième génération était encore présentée comme un service haut gamme par les compagnies mobiles, il n’y a que quelques mois de cela, la discussion porte aujourd’hui sur la 5G.
Logiquement, on pourrait supposer que la technologie 5G, comme l’avait été la 4G, serait une simple amélioration sur le plan de la performance de la connectivité. Cependant, de la même façon que la 3G a innové et rendu obsolète son prédécesseur 2G (un réseau téléphonique amélioré sans connexion internet), les fonctionnalités de la 5G dépassent largement la réduction des temps de téléchargement et autres échanges de données en terme de capacités.
Reconnaissance faciale, vocale et autres : plus de vie privée ?
Telle qu’elle a été décrite par l’ancien brigadier-général américain Robert Spalding lors d’une entrevue avec Valuetainment [2], la 5G fonctionne sur la base de la reconnaissance faciale et vocale ainsi que l’expropriation à un tiers de la gestion de données personnelles. Cela signifie que les informations des utilisateurs sont confiées à une entité sans visage. Contrairement à la 4G où les données sont stockées sur l’appareil physique de l’utilisateur (mise à part les services de stockages en ligne types “cloud”) et où il est possible de ne pas intégrer ce réseau, simplement en ne possédant pas d’appareils connectés, cette nouvelle génération de technologie sans fil nous est imposée à tous. Construite autour des villes, elle peut surveiller tout le monde, comme à Washington, qui a été le premier État des États-Unis à permettre la reconnaissance faciale à des fins juridiques.
Et la santé ?
Mais les sollicitudes concernant la 5G ne se limitent pas à la collecte de données et aux violations de la vie privée. En effet, celle-ci a également suscité de nombreux débats en ligne quant à son danger potentiel pour la santé et l’environnement. L’un des éléments les plus inquiétants sur cet aspect de la technologie est que celle-ci est encore essentiellement dans la phase expérimentale lorsqu’il s’agit des effets qu’elle aurait sur les êtres vivants.
Tant et si bien que certains dirigeants se sont opposés catégoriquement au déploiement de la 5G dans leurs villes. Comme ce fût le cas pour Céline Fremault, ministre belge de l’environnement et de l’énergie, qui annonça en juillet 2019 :
« Les Bruxellois ne sont pas des cobayes dont je peux vendre la santé à profit. Nous ne pouvons laisser aucun doute. »
Cette déclaration semble indiquer que les inquiétudes au sujet de la 5G sont plus que le produit de quelques théories réactionnaires du complot.
Ces préoccupations étant populaires, de multiples incendies criminels conduits sur des antennes de relais 5G ont été rapportés partout dans le monde.
Ainsi, au Royaume-Uni, les rapports indiquent que jusqu’à 77 tours ont été ciblées dans l’espace d’un seul mois, avec des cas également signalés en Irlande, à Chypre, en Belgique et en Australie, où la police anti-terroriste a été déployée. Cependant, bon nombre de ces tours n’étaient pas des tours 5G, et dans certains cas, les dommages ont même conduit à des pannes pour les services d’urgences essentiels.
Bien qu’il ne soit pas question d’approuver des actes de vandalisme de quelque manière que ce soit, le scepticisme et la paranoïa associés à cette initiative technologique sont compréhensibles.
Alors que tout le monde était soumis à des mesures strictes en matière de santé liées à la COVID-19 sous forme de quarantaine à l’échelle nationale, et de distanciation physique, de nombreuses personnes ont remarqué que la fibre optique nécessaire au fonctionnement de la 5G était installée dans leurs rues, souvent à l’insu des résidents locaux. En outre, un grand nombre de ces opérateurs techniques ont été repérés sans masques et en violation des règles de distanciation physique, alors que l’épidémie était à son apogée.
Aussi exagérées que soient certaines réactions, il ne fait aucun doute que la 5G augmentera considérablement l’exposition du public aux radiofréquences et champs électromagnétiques, lesquels ont été admis comme étant nocifs pour l’espèce humaine, ainsi que pour l’environnement par de nombreuses études[3].
En effet, les scientifiques ne contestent plus les cas d’intoxications du fait de radiations. Elles sont également liées à des maladies cardiovasculaires, ainsi qu’à différents types de cancers tels que celui de la colonne vertébrale ou des poumons. En outre, il existe des rapports d’exposition aux radiofréquences associée à des cas de modifications de l’humeur, et même d’anomalies génétiques.
Bien qu’elles soient invisibles, les radiofréquences sont tout aussi réelles que n’importe quelle autre manifestation matérielle observable par l’œil humain. Et comme tout autre phénomène physique, celles-ci peuvent être mesurées, dans ce cas avec des dispositifs tels que les compteurs CEM (champ électromagnétique). Ceux-ci sont facilement disponibles en ligne et permettent aux utilisateurs de surveiller l’intensité du rayonnement électromagnétique dans une zone donnée, et indique généralement des taux phénoménaux de radiations, surtout en ville.
Pour ce qui est de ces émissions radios, Claire Edwards, membre des Nations Unies de 1999 à 2017 et l’une des principales figures contre le déploiement massif d’installations 5G, a fait part de ses préoccupations au Secrétaire général et aux autres membres du Comité. Dans son discours de cinq minutes en 2019, elle rapporte ses conclusions :
« Depuis décembre 2015, le personnel du Centre international de Vienne a été exposé à des radiations électromagnétiques sans pareil (...), les niveaux d’expositions publiques actuels sont d’au moins un quintillion, -soit dix-huit zéros- au-dessus des taux de radiations naturelles, selon le professeur Olle Johansson de l’institut Karolinska en Suède. Les effets biologiques très dangereux des CEM ont été documentés par des milliers d’études depuis 1932. »
Les fréquences 5G absorbables par l’oxygène, élément nécessaire à la vie
En ce qui concerne ce fait, il convient également de souligner que la 5G fonctionne à un niveau de fréquence particulier de 60 gigahertz. Plus qu’un simple chiffre, cette donnée est pertinente quant à l’impact de la technologie sur notre environnement et aux formes de vie qui l’habitent.
En effet, il s’agit ici du point spécifique, à la décimale, auquel les fréquences deviennent absorbables par l’oxygène. Encore une fois, il s’agit d’un fait qui n’est pas contesté, même par les partisans de ce mode novateur de télécommunication. C’est sur la base de ce fait que les conspirations associant la technologie 5G aux symptômes de la COVID-19 ont émergées. De toute évidence, le déploiement d’une technologie qui a le potentiel de réduire l’oxygène disponible à un moment où le monde est aux prises avec une maladie respiratoire contagieuse, est pour le moins délicat..
Au sujet de l’impact environnemental, nous disposons de plusieurs témoignages de végétation mourante et même des cas d’abeilles et d’oiseaux morts sans raisons apparentes dans les zones où les infrastructures 5G opèrent. En outre, diverses études suggèrent que ces fréquences seraient à l’origine de nécroses dans la végétation avoisinante, en plus d’impacter la croissance du blé au niveau cellulaire, comme l’avait rapporté une étude arménienne menée en 2016.
Avec ces informations à l’esprit, on pourrait se demander pourquoi ces études n’ont pas fait l’objet de nombreux débats publics, ou pourquoi les grandes publications scientifiques ou autres autorités sur le sujet n’ont pas profité de l’occasion pour discuter de ces dangers potentiels, pourtant réels.
Malheureusement, comme pour tout le reste, lorsque des intérêts financiers sont en jeu, l’information est ignorée, ou même manipulée.
Cela est vrai même dans le domaine de la science, où il existe de nombreux cas documentés de personnalités scientifiques dissimulant sciemment des données, cela même lorsqu’il s’agit de dangers réels pour la santé publique. Les plus notables étant la défense de l’industrie du tabac en toutes connaissances de causes des dangers du tabagisme, ou encore celle de l’industrie agro-alimentaire une fois confrontés aux dangers des sucres raffinés sur la santé humaine.
En France, la 5G est promue par le gouvernement
Il est d’ailleurs intéressant de noter que c’est le ministre de l’économie Bruno Lemaire qui a qualifié le déploiement de la 5G en France comme « indispensable » lundi 14 septembre 2020. Cela, bien que son ministère, ne soit pas en mesure de s’exprimer avec une quelconque autorité sur les aspects techniques ou sanitaires, pourtant au centre de la question.
Tandis que Barbara Pompili, ministre chargée de la transition écologique, alors qu’elle est confrontée à la question le 23 juillet 2020, répond simplement :
« Nous, on a lancé des missions auprès de l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) pour regarder de plus près les différents inconvénients qu’il pourrait y avoir d’un point de vue de la santé et de l’environnement car ça fait partie de mon travail. (…) La 5G, j’entends, mais ce que je veux d’abord c’est que sur les territoires tout le monde ait accès à internet »
, indiquant que la priorité, à ses yeux, porte sur l’accès généralisé à internet de ses concitoyens plutôt que sur leur santé et celle de leur environnement, cela malgré ses obligations éthiques et professionnelles regardant ces questions.
Santé, environnement et vie privée, le prix de la connectivité omnipotente ?
Ainsi, quand on parle de la 5G, qu’il s’agisse des préoccupations relatives à la protection de la vie privée, à la santé ou aux questions environnementales, ce qui est certain, c’est qu’elle changera radicalement le fonctionnement du monde tel que nous le connaissons. Que ce soit pour des tâches pratiques comme les chirurgies à distance, ou la commande de biens et de services par la prononciation d’un simple mot-clé, il est important de garder à l’esprit que ce degré de connectivité omnipotente a un prix. Le fait d’être automatiquement identifié par des caméras, ou plus inquiétant encore, une nouvelle crise sanitaire, contribueront au sentiment croissant de vivre en opposition avec la nature, ainsi qu’au sentiment d’interférer avec sa structure biologique de base. Ce qui est pourtant ce que la recherche semble indiquer, et ce que nos politiciens soutiennent.
Par Christopher FITZSIMONS, octobre 2020
et aussi : Rayonnement 5G - Comment peut-on se protéger ? Une conférence d’Ulrich Weiner
[1] : La première révolution industrielle, date de 1765 avec l’invention de la machine à vapeur, les débuts de l’industrie et des brevets légalisant le monopole pour les inventions. La deuxième révolution industrielle commence dès 1870 avec l’électricité, le moteur électrique, le pétrole et l’industrie automobile. La troisième révolution industrielle à partir 1969 comprend l’informatique, les microprocesseur et internet) et la quatrième serait donc centré sur la connectivité sans fil et la gestion de donnés en masse et centralisé.
[2] : Valuetainement est une organisation médiatique indépendante en ligne créé par Patrick Bet-David.
[3] : Les radiations peuvent provoquer des modifications génétiques à l’origine de cancers comme l’a indiqué le CIRC (Centre de Recherche International contre le Cancer), une dénomination de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) qui a classifié les radiofréquences en tant que “carcinogène possible pour l’homme” de 30KHz et 300GHz (1 GHz ou gigahertz est égal à 1000 MHz ou mégahertz, 1 MHz équivaut à 1000 Khz ou kilohertz et 1KHz est égal à 1000 Hz ou hertz). Sinon, il suffit d’observer les répercussions des attaques nucléaires sur le Japon avec des taux de cancers anormalement élevés autour des régions touchées par les radiations, cela plusieurs décennies après l’explosion des des bombes.