Kenya - Masaï Mara
L’Afrique, c’est l’aventure…
Tous les amoureux de la nature vous le diront : pour rencontrer la grande faune qui nous fait rêver depuis l’enfance, rien ne vaut un safari en Afrique.
Sentir au plus près cette vie sauvage, croire le temps d’un séjour que l’on est des aventuriers, c’est ce que à quoi prétendent les plus sincères d’entre nous. Laissons à d’autres une approche plus « consommatrice » de cette nature sauvage et le soin de déclarer après 3 jours de « game drive » et un hébergement dans un lodge de grand luxe « oui, je connais, j’ai fait l’Afrique… » Quant à ceux qui la connaissent le mieux, ils ne cessent de s’en émerveiller. Mais ils sont inquiets. Il y a de quoi.
L’Afrique prend aux tripes. Jusque là, rien de nouveau, bien d’autres l’ont dit et sans doute ressenti avant moi. Tant mieux. Ou tant pis, vu ce qu’est devenue cette terre dont on sent encore la puissance, malgré l’acharnement que mettent les hommes de toutes couleurs à l’asservir jusque dans ses entrailles pour en extraire or, uranium, diamants, pétrole, pour faire pousser sous de grandes serres des haricots verts recommandés dans tous nos régimes et des fleurs coupées qui, au mieux, mourront dans un vase. L’homme est si peu reconnaissant de cette beauté : comme partout sur la planète, il s’arroge le droit de disposer de tout, sans tenir compte des conséquences que cela induit.
Le monde sera sans doute moins beau quand il n’y aura plus ni arbres, ni poissons, ni oiseaux, ni grands fauves.
Ce quelque chose de viscéral, sans fioriture, est comparable à une puissance intemporelle qui assaille dès lors que l’on accepte de s’ouvrir à ce qui nous entoure. Et c’est d’autant plus vrai là-bas, dans les savanes kenyanes. J’ai cédé bien volontiers à la magie du Masaï Mara. Et c’est pour lui que je veux sonner l’alarme. En découvrant cette région dont l’équilibre fragile est menacé, j’ai tenté de comprendre ce qui pourrait être fait pour préserver cette terre.
La seule menace : l’homme. L’unique solution : l’homme.
Le Masaï Mara est au centre de bien des intérêts
Après plusieurs heures de voiture depuis Nairobi - 300 km sur des routes parfois aléatoires -, on arrive dans le Masaï Mara à quelques 1500m d’altitude, en passant l’une des 6 portes d’accès : Oloololo Gate au Nord et Musiara Gate au Nord-Est, Talek Gate et Sekenani Gate à l’Est, Ololaimutia Gate et Sand River Gate au Sud.
Depuis 1974, ces 1510km2 situés au sud-ouest du Kenya et qui se prolongent naturellement vers le parc du Serengeti au sud en Tanzanie, bénéficient du statut de réserve nationale. Elle doit son nom à la rivière Mara qui la traverse du nord vers le sud, alors que la Talek et la Sand river la traversent d’ouest en Est.
Le statut de réserve permet aux Masaï de continuer à vivre sur ce territoire ancestral et à y faire paître leurs troupeaux, à la différence de celui des parcs nationaux, vides d’activités humaines autres que le tourisme et l’étude scientifique. Ces derniers sont gérés au Kenya par l’organisme gouvernemental Kenyan Wildlife Service [1]qui a la responsabilité de la faune sauvage du pays sur trois axes : la recherche, la protection des animaux et les comptages. Quelques parcs célèbres gérés par le KWS : Meru NP, Tsavo NP, Samburu NP, Nakuru NP.
La réserve du Masaï Mara est, quant à elle, gérée par deux communautés régionales masaïs : le Narok County Council, pour les deux-tiers de sa surface et le County Council of Trans-Mara pour un tiers. Les représentants des County Council (conseils régionaux) sont élus pour 5 ans. Pour le touriste, cela ne fait guère de différence. Et pourtant…
Quelques chiffres sur le tourisme Safari
Les revenus générés par le tourisme dans le Masaï Mara sont importants. Mais à qui profite cette manne et quelle en est la pérennité ?
C’est la richesse même de cette faune, avec, entre autres espèces, les fameux « big five » que sont l’éléphant, le rhino noir, le buffle, le lion et le léopard, qui a permis au Masaï Mara de devenir un site mondialement connu et une destination quasiment incontournable pour les amoureux de la faune terrestre. Le développement touristique était amorcé.
Il y aurait aujourd’hui à peu près 3000 lits du côté Masaï Mara Reserve, sur un territoire d’environ 1000km2, répartis en un nombre toujours croissant de logdes et de camps. Pendant la saison touristique, de juin à septembre/octobre, et même hors saison désormais, les traditionnelles land-rovers sont supplantées par des minibus de plus plus nombreux, qui « promènent » des touristes pressés de photographier le plus d’animaux possibles en quelques heures de safari.
De l’autre côté, celui de la Mara Conservancy qui gère le « Mara Triangle » : le long de l’escarpement de Oloololo jusqu’au Ollololo Gate puis en descendant vers la Mara jusqu’à la frontière tanzanienne, il n’y a pour l’instant que quelques 400 lits pour 500km2 environ. Mais au-delà de ces chiffres, il s’agit surtout de deux gestions touristiques et de deux approches différentes de la nature.
Le Narok County Council empoche quelques 20 M$ grâce au tourisme. Qui bénéficie de cet argent ? Peu de fonds semblent attribués à l’entretien des pistes de la réserve et au travail des rangers, rien ou pas grand-chose pour les animaux, et vraisemblablement peu aux familles masaï qui y vivent. Pas vraiment de chiffres disponibles.
En revanche, l’accord de gestion entre la Mara Conservancy et le County Council de Trans-Mara donne mandat à la Mara Conservancy pour tous les aspects de la gestion des aires protégées : collecte des recettes et leur distribution, sécurité, développement du tourisme et de sa gestion, entretien des infrastructures et développement de nouveaux projets qui, tous, nécessitent une évaluation d’impact environnemental (EIE) et l’approbation par un comité mixte comprenant des membres de Mara Conservancy et du County Council de Trans-Mara. Les revenus sont plus modestes mais transparents : environ 3,5 à 4 M$/an, bien gérés par le directeur de la Mara Conservancy depuis une dizaine d’années, Bryan Heat. Environ 65% de cette somme, soit 2,275M$ à 2,6M$, vont au County Council de Trans-Mara et à la population locale, alors que 36 % du budget soit entre 1,2 M$ et 1,5 M$ (2011) sont alloués au management de la réserve : des rangers payés et formés, des mesures anti-braconnage avec des chiens entrainés, une excellente connaissance de l’état de santé des animaux de la réserve, la surveillance des voitures de touristes et leur sécurité.
L‘envers du décor : la disparition de la flore et de la faune sauvages
Comme toujours les causes sont multiples, et comme presque toujours, liées à l’activité humaine. L’enchaînement d’un certain nombres d’évènements et de leurs conséquences, ainsi que la concomitance de ces facteurs détruisent l’équilibre naturel et participent de la disparition de cette flore et faune sauvages tant admirées.
Tout d’abord, il convient de rappeler que la population du Kenya a été multipliée par 7 en moins de 50 ans. Elle est passée de 6 millions d’habitants en 1963 à 43 millions au dernier recensement de 2010. Et les Masaï représentent environ 10 % de la population. Leur poids politique est tout sauf négligeable. N’est-ce pas là une pression anthropique suffisante impliquant un fractionnement grandissant de l’habitat sauvage ?...
Si l’on considère l’écosystème du point de vue de la chaine alimentaire, intéressons-nous aux premiers maillons que constituent les plantes et les arbres. Les vieux arbres disparaissent de manière évidente du Masaï Mara : ils tombent et il n’y a pas de jeunes pousses.
Certains imputent leur disparition aux éléphants. Rappelons toutefois que ces derniers pouvaient, dans un passé pas si lointain, se déplacer librement, laissant à la végétation le temps de repousser.
Or il n’existe aujourd’hui aucun corridor pour eux et, par conséquent, ils sont contraints de rester sur un territoire qui se réduit à mesure que les villes s’étendent. La végétation ne peut donc pas repousser après leur passage et les éléphants n’ont nulle part où aller… Concernant ce problème de renouvellement des arbres, des études sont menées depuis quelques années par Mara Concervancy. Quelques rares jeunes arbres ont été protégés par des filets et des cages contre les insectes et les herbivores. Aucun résultat permettant une explication tangible n’est encore publié.
Quant au Masaï Mara, notamment près de Musiara, il est probable que le problème soit directement lié au niveau de la nappe phréatique : des lodges de plus en plus nombreuses pompent l’eau de la Mara pour le confort des touristes, mais aussi, et tout au long de l’année, ce sont les fermes de maïs en amont de la Mara qui sont également responsables de la baisse du niveau de la rivière : ce n’est pas, là encore, sans conséquence sur l’environnement.
Une étude a également été entreprise sur la plante invasive Parthenium hysterophorus [2] qui se développe à grande vitesse dans le Masaï Mara. Les populations locales sont concernées car cette plante est non comestible pour les herbivores et elle supplante les plantes endémiques.
« Si rien n’est immédiatement entrepris pour nettoyer les zones infectées dans le Masaï Mara, il n’est pas irréaliste de s’attendre à une réduction de la vie sauvage à terme, conséquence d’une expansion rapide du Parthenium », avertit Geoffrey Howard, en charge des espèces invasives pour l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature.
Une autre plante invasive, la Lantana, menace l’écosystème en se répandant rapidement dans les plaines du Masaï Mara. Elle remplace également les plantes natives et les animaux ne la mangent pas. Autant de nourriture en moins...
La pollution liée à l’utilisation de pesticides des grandes fermes kenyanes aux environs de la réserve du Masaï Mara est sans doute responsable de la disparition d’une partie de la flore, mais aussi des insectes, un maillon important de la chaine trophique. Par voie de conséquence, des oiseaux pourtant communs ont disparu par nuées entières, ainsi que d’autres animaux insectivores, et c’est tout l’équilibre de l’écosystème qui est menacé. On a également remarqué des problèmes de décoloration de la peau chez les hippopotames de certaines rivières où le courant est faible : y aurait-il une plus grande concentration de produits toxiques dans ces trous d’eau ? Il serait intéressant d’en faire l’étude.
La maladie n’a pas épargnée le Masaï Mara. En 2008, les gnous ont été victimes de moustiques porteurs de la dengue. La dengue génère de graves problèmes de peau chez les animaux. Les gnous affaiblis ont été mangés par des guépards, dont la population est critique, et ils en sont morts.
Les gnous résidents étant un des éléments-clés de l’écosystème du Masaï Mara, le KWS a entrepris en 2009 un comptage. Le KWS ne publie pas ses chiffres, mais un certain nombre d’articles avaient évoqués en 2008 le déclin de la population d’animaux sauvages du Masaï Mara.
Les vaches masaï : une question politique
Cela peut prêter à sourire, mais les troupeaux de vaches sont un vrai problème dans le Masaï Mara. Si les Masaï élèvent du bétail, ce n’est ni pour la viande, ni pour le lait, mais parce que posséder de nombreuses vaches est un signe de richesse. Cette tradition perdure encore aujourd’hui : Olé Timama, le grand leader Masaï actuel, possède lui même plus de 9000 têtes de bétail alors qu’il vit à Nairobi. Ainsi, au fur et à mesure que les Masaï s’enrichissent, les troupeaux augmentent.
Précédemment, les troupeaux n’avaient pas le droit d’entrée sur le territoire de la réserve. Mais en 2009, une terrible sécheresse a causé la mort de 60 à 70 % du bétail. Et c’est à cause de cette sécheresse et à cette date que le Narok County Council a autorisé l’entrée des vaches sur la réserve, autour de la rivière Talek et à Musiara. Depuis, la mesure exceptionnelle est devenue de droit commun et les troupeaux envahissent le paysage. La nuit tombée, les lampes des vachers se multiplient comme autant de feux follets parcourant la savane, et dans la journée, les gamins qui emmènent les troupeaux hors des bomas (villages masaï) ne se cachent même plus des touristes.
En quoi ces vaches sont-elles un problème pour la faune sauvage ?
Les vaches sont sélectives : elles choisissent certaines herbes et délaissent les non-comestibles. Autant de nourriture en moins pour les herbivores sauvages dont les populations sont en baisse. Il a été démontré que, quand les territoires de nourriture doivent être partagés, cela génère un stress chez les animaux sauvages. Ce stress peut conduire à une autolimitation des naissances chez ces derniers, important maillon de la chaine alimentaire du Masaï Mara. En outre, le piétinement des troupeaux modifie la structure même du sol et empêche la repousse de certaines plantes ; les zones de pâturage sont tout à fait visibles d’avion.
Il y a toutefois un bénéfice secondaire à vivre parmi les vaches : la protection contre des prédateurs tels que les lions ou le léopard que la présence des gardiens de vaches éloigne des proies potentielles. Historiquement et culturellement, les Masaï et les lions n’ont jamais fait bon ménage.
Les lions ont appris à se méfier de ces hommes en rouge et préfèrent les éviter. Cette haine à l’égard des lions n’a pas cessé : les lions poussés hors de la réserve sont encore très souvent empoisonnés avec des produits chimiques inoculés à des carcasses de chèvre…
Pour faire officiellement bonne figure, le Narok County Council a embauché des rangers dont le rôle est de surveiller la réserve. Mais ces derniers sont eux-mêmes souvent Masaï et propriétaires de vaches. Si les rangers surveillent les voitures des lodges pour les empêcher de faire du hors-piste, ils n’interviennent pas sur les troupeaux et ni auprès de leurs propriétaires. Entre les liens familiaux et les intérêts économiques qui unissent rangers et propriétaires, les troupeaux n’ont pas fini de fleurir sur la réserve du Masaï Mara.
En revanche, côté Mara Conservancy, des mesures fortes ont été prises et le bétail n’est pas autorisé. Si des vachers sont arrêtés par les rangers, ils sont transférés à la police. Et si un troupeau est pris en train de paître sur le territoire de la réserve et que les vachers se sont évaporés, les plus belles vaches sont alors abattues par les rangers et servies aux repas du personnel de la réserve. Quelques épisodes ont suffi aux propriétaires des vaches pour qu’ils respectent l’interdiction.
Le braconnage : viande de brousse et chasse au trophée
Les chiffres communiqués sont ceux de la Mara Conservancy qui coopère avec le parc du Serengheti en Tanzanie pour lutter contre le braconnage. Ainsi en 2010, 1540 braconniers ont été arrêtés par la Mara Conservancy dont 95 % venaient de Tanzanie, soit entre 4 et 5 arrestations par jour ! Et il ne s’agit que de ceux qui se sont fait prendre... Certains braconniers ont été arrêtés plusieurs fois, l’un d’entre eux jusqu’à 5 fois dans l’année ! Ils sont ensuite présentés à un juge et condamnés une peine de prison de 2 à 4 semaines avant d’être relâchés…et de recommencer. Ils braconnent principalement avec des collets dont le coût est de 50 schillings l’unité (ou 0,50 € ou 5 boites d’allumettes locales…). Les collets ne font aucune distinction de prise : les victimes sont principalement des herbivores (zèbres, topis, gnous). Pendant la migration des gnous, de juillet à octobre, des hippopotames, des phacochères se font également piéger facilement par les braconniers qui profitent des nuits claires pour les approcher. Des gazelles de Thomson sont chassées les nuits sans lune : elles sont éblouies à la torche et attrapées par les chiens. Les félins se font également surprendre : en 2010, un lion est mort piégé par un collet, un léopard et un guépard ont aussi été retrouvés morts, mais probablement un certain nombre n’est tout simplement pas retrouvé. Les éléphants peuvent aussi être victimes des collets qui leur cisaillent leur trompe : impossible dès lors pour eux de se nourrir, sans compter les souffrances endurées : les mutilations, la gangrène...
Tout ce braconnage est du à une forte demande en viande de brousse dans les petits villages un peu éloignés. Il semble que les braconniers changent de tactique à partir de janvier et utilisent des lances et des chiens. Pendant le seul mois de janvier 2011, 22 braconniers ont été arrêtés par la Mara Conservancy dont 15 sur le territoire du parc et 57 collets retrouvés.
Le braconnage pour trophée est plus rare ici. Toutefois, en décembre 2010, quatre éléphants et un rhinocéros ont été tués par un braconnier près de la Mara, à la frontière de la Tanzanie. Il y a quelques années un lion avait été valorisé à 250 000$ sur la Mara. Et l’un des derniers gros porteurs de défenses, un éléphant mâle dont certains se souviennent encore, a été poussé du parc d’Amboseli vers la Tanzanie où il a pu être abattu par des chasseurs « sportifs » en toute impunité…
Les chiffres concernant le braconnage fournis par la Mara Conservancy peuvent être extrapolés à la réserve du Masaï Mara dont la surface est 2 fois plus vaste et surtout beaucoup moins surveillée. Rien de visible n’est entrepris là-bas en matière de lutte contre le braconnage et aucun chiffre n’est disponible.
Prise de conscience et volonté politique
Le tourisme de safari représente une très grande source de revenus pour le pays, et se retrouve donc au centre d’enjeux politiques qui dépassent de très loin ce que l’on peut imaginer. Certains Kenyans ont essayé de faire changer les choses mais ils l’ont payé parfois de leur vie.
Il y a quelques années, l’un des anciens directeurs du KWS est resté paralysé des deux jambes et d’un bras après le sabotage de son avion quelque temps après avoir parlé de réforme ; les saboteurs n’ont jamais été arrêtés. En tant que directeur du KWS, il gênait le trafic établi à l’époque : celui de l’ivoire dont le plus gros commanditaire et sponsor était très proche du premier gouvernement du Kenya. Mais il faut aussi se rappeler qu’en 1989, Daniel Arap Moi, le deuxième président du Kenya, avait brulé 12 tonnes de défenses d’éléphants pour marquer la volonté du Kenya de mettre fin au braconnage de l’ivoire. L’année suivante, l’interdiction totale du commerce international d’ivoire entrait en vigueur.
Malheureusement, d’après le KWS, le pays a perdu 278 éléphants en 2011, contre 177 en 2010. En effet, le braconnage d’éléphants connaît aujourd’hui une nette recrudescence au Kenya et dans d’autres pays de l’aire de répartition en Afrique.
Le Kenya a encore du brûler 5 tonnes d’ivoire le 20 juillet 2011...Sans compter que le marché légal d’ivoire est de nouveau ouvert. Le gouvernement kenyan lançait pourtant en avril 2012 une stratégie de gestion des éléphants et réaffirmait l’engagement du pays à protéger ses éléphants sur le long terme.
Cela étant, tout récemment encore, le gouvernement kenyan a autorisé la construction d’une route de 70-80 km entre Emali et Loliondo grâce à des financements chinois. Il s’agit d’une ancienne piste avec peu de trafic mais un accès facile aux parcs d’Amboseli, de Tsavo, et de Chyutu Hills. il n’y a apparemment aucune raison économique, sauf s’il y a du minerai ? ou du braconnage ? …
Comment préserver la faune sauvage ?
Le KWS coopère depuis plusieurs années avec l’IFAW (International Fund for Animal Welfare) et d’autres institutions et ONG internationales et kenyanes pour faire respecter la loi, lutter contre le braconnage et régler au mieux les conflits entre les hommes et les animaux.
Ainsi, la stratégie de gestion des éléphants menée conjointement par le KWS et l’IFAW et qui vient d’être mise en place pour 5 ans à Amboseli après Tsavo, s’appuie sur un ensemble d’objectifs, qui visent principalement à :
- Protéger les éléphants des braconniers,
- Accroître la taille et le nombre d’aires protégées,
- Réduire les conflits entre homme et animaux sauvages,
- Favoriser la recherche et s’appuyer sur des systèmes de surveillance de pointe pour améliorer la gestion des éléphants.
Cette stratégie implique un travail de terrain important, des ressources et la coopération des communautés locales pour pouvoir la mener à bien.
Mais il s’agit là des parcs nationaux gérés par le KWS. Comment procéder pour la réserve de Masaï Mara ?
Ce qui semblerait le plus accessible est tout d’abord l’éducation des touristes. Développer leur conscience environnemental : certains touristes jettent encore leur mégot de cigarette, leur bouteille en plastique, leur papier toilette en pleine nature, malgré les recommandations de leurs chauffeurs. N’hésitons pas à reprendre nous-mêmes les « mal éduqués » !
Ramasser, de notre propre chef, les déchets qui parsèment la savane, sans prendre de risque s’il s’agit ôter une bouteille en plastique de la gueule d’un guépard !
Aider les populations locales comme le fait la Mara Conservancy qui tente d’étendre la zone de protection de la nature : en dehors des zones de la réserve, certains Masaïs acceptent de limiter leur bétail contre une compensation, une sorte de loyer qui leur garantit un revenu. Chaque parcelle fait environ 40 hectares ; il s’agit d’un travail de terrain de très longue haleine...
Enfin, il faut espérer en une prise de conscience des responsables locaux, régionaux, gouvernementaux, et -pourquoi pas ?- internationaux, permettant une vision politique à plus long terme qui respecte le Masaï Mara, interdise les nouvelles constructions et limite leur impact sur l’environnement, et sur les terres alentour.
Si la faune disparaît, ce sont les revenus du tourisme qui vont disparaître : un vrai problème économique pour le pays. On préfèrerait que la question se pose exactement de manière inverse : outre la disparition des revenus générés par les safaris, peut-on prendre le risque de la disparition de la faune et de la flore de la savane du Masai Mara ?
Un proverbe dit « l’espoir est ce qui meurt en dernier »...