TENDUA - Association pour la sauvegarde de la biodiversité

Newsletter n°5

DOSSIER

La pollution océanique

Source internet

En 1997, la « grande plaque de déchets du Pacifique » ou GPGP (Great Pacific Garbage Patch) a été découverte. Dix ans plus tard en 2007, elle mesurait 3,5 millions de km2 (soit grande comme l’Inde ou 6 fois la France) et son accroissement était avéré par les observateurs scientifiques.

En 2010, on nous a annoncé la découverte d’une deuxième plaque de déchets, cette fois dans l’Atlantique nord, à 930km des côtes des États-Unis, au large des Caraïbes et de la Floride, à proximité de l’une des plus grandes réserves marines. Sa superficie est estimée à celle de la France, de la Belgique et de la Grèce réunies, sa profondeur à 10m en moyenne.

Il ne s’agit pas, à proprement parler, dans un cas comme dans l’autre, d’un continent car ce n’est pas une masse solide mais une zone où l’eau est saturée de débris. Deux autres plaques sont en formation au large du Chili, dans le Pacifique, et de l’Argentine, dans l’Atlantique.

Ces « mers de déchets » sont translucides et donc non détectables par les satellites, mais visibles depuis le pont des bateaux. Cette « soupe » de plastique contient des déchets parfois très fins et elle s’enfonce sous la surface jusqu’à 30m de profondeur.

Comment ces plaques se forment-elles ?

Source internet

Ces localisations s’expliquent par des phénomènes de tourbillons (vortex) dans des régions de hautes pressions : des courants font converger dans ces zones les déchets flottants qui s’accumulent en l’absence de vent (on les appelle « gyres »).

On trouve des déchets flottants dans toutes les mers, y compris dans les régions polaires. Si les débris d’origine organique subissent une biodégradation, les activités humaines produisent des déchets non biodégradables.

L’effet du sel, des vagues, des ultraviolets fragmentent ces déchets en milliards de morceaux parfois microscopiques.

Quels déchets ?

Plage en Egypte – ile de Silae, mer Rouge
Myriam Dupuis

La pire pollution pour la mer est celle causée par les déchets chimiques de l’industrie et des activités humaines, notamment l’agriculture. Plus de 80% des eaux usées finissent dans les océans.

Si près de 80% de ces déchets proviennent des terres, le reste provient des bateaux. 90% de ces déchets sont issus de matières plastiques. Les déchets visibles – bouchons de bouteille, brosses à dents, morceaux de cigarettes, briquets, filets de pêche entiers… - font oublier les minuscules polluants comme les « larmes des sirènes » (granules de plastiques utilisées dans l’industrie plastique) et tous les produits de dégradation de ces plastiques.

De plus, chaque année ce sont en moyenne 6 millions de tonnes de polluants (métaux lourds, nitrates, CO2…) qui s’écoulent par les fleuves vers les mers.

Les rejets d’hydrocarbures et de produits toxiques

Outre les 150000 tonnes d’hydrocarbures déversées dans les océans chaque année, les avions dispersent dans le ciel 200000 tonnes supplémentaires qui retombent dans l’océan avec les pluies. Quelque 400000 tankers sillonnent les océans en transportant des marchandises ; une centaine de navires par an sombrent, dispersant leurs cargaisons.

Les déchets radioactifs

En 1975, la Convention [1] de Londres a autorisé le rejet de déchets nucléaires dans la mer : 75000 tonnes de fûts radioactifs enrobés de bitume et de ciment ont été immergés jusqu’en 1982, date à laquelle la pression de l’opinion publique internationale a permis de mettre fin à ces immersions. Combien de temps ces fûts résisteront-ils à l’eau de mer ? Sans parler des effets des essais nucléaires passés, ni des cimetières de sous-marins à propulsion nucléaires…

Impacts sur la vie marine et pour l’homme

Requin marteau halicorne pris dans un filet
P. Kobeh

Impacts mécaniques : les déchets plastiques peuvent être à l’origine de l’asphyxie des fonds marins, en empêchant les échanges entre l’eau et les sédiments. Certaines espèces s’étouffent en prenant ces déchets pour des proies (comme les mammifères marins et les tortues avec les sacs en plastique), d’autres s’enchevêtrent dans des engins de pêche (filets, cordes,...), se blessent et sont alors incapables de se nourrir ou de fuir les prédateurs.

Impacts physico-chimiques : l’intoxication par des déchets contenant des produits toxiques ou des agents pathogènes (piles, récipients contenant solvants ou détergents,...) n’est pas rare. La dégradation de certains déchets est à l’origine d’une pollution physico-chimique : les bouteilles en plastique peuvent libérer dans l’eau des bisphénols et des phtalates. Ces éléments nocifs entrent alors dans la chaîne alimentaire et peuvent ainsi se concentrer dans les organismes.

Le plancton est un maillon essentiel de la chaine alimentaire. Selon la fondation Algalita, on trouve dans ces zones jusqu’à 6 fois plus de plastique que de plancton. Ce plastique est ingéré par les poissons et les oiseaux, eux-mêmes mangés ensuite par des prédateurs plus gros, dont l’homme.
On estime que, chaque année, plus d’un million d’oiseaux meurent à cause des débris plastiques et plus de 100 000 cétacés.

Moyens d’actions

Le nettoyage des océans de déchets est une œuvre titanesque mais personne ne veut en prendre ni la responsabilité, ni le coût. A l’échelle de la communauté internationale, il est nécessaire de prendre des mesures en matière de politique de réduction et de gestion des déchets et de prôner l’utilisation de matières dégradables.

A titre personnel, que pouvons-nous faire en tant que consommateur responsable ? Signer des pétitions pour faire réagir nos gouvernements, militer, informer, éviter les emballages en plastiques, recycler, trier nos déchets et exiger une meilleure politique en la matière auprès de nos communes, participer aux initiatives locales de nettoyage des cours d’eau et bords de mer, ramasser, nettoyer les plages et les fonds marins.
Bien sûr, c’est peu, mais ramasser un petit sac plastique + une petite bouteille + une petite canette + un petit plus ............= c’est lutter contre un océan de déchets.

Exemple : la Méditerranée

Sa superficie est de 2,5 millions de km2 et elle représente 0,7% de la surface des mers du globe. Elle contiendrait 10% de tous les êtres vivants connus : plus de 12 000 végétaux et animaux (650 espèces de poissons, 1350 sortes d’algues et plantes marines, 21 espèces de mammifères dont 19 des 80 espèces connues de cétacés, 6 de reptiles, 2000 crustacés, 1400 mollusques, 450 méduses, 150 échinodermes, 600 éponges).
Cela étant, les pays qui bordent la Méditerranée y rejettent environ 50 millions de tonnes de déchets chaque année. 250 milliards d’éléments plastiques se sont accaparés les eaux de la Méditerranée, selon les scientifiques. Ces résidus de plastique alarment les membres de l’expédition scientifique Méditerranée en Danger (MED 2010/2013). La Méditerranée supporte 30% du commerce maritime mondial dont 22% du trafic pétrolier mondial. Ce sont les dégazages et déballastages sauvages des navires qui constituent l’autre source majeure de pollution.
L ‘étude vise à préciser les conséquences des résidus envahissants sur la biodiversité marine.

Pour une meilleure réglementation, une pétition circule actuellement :
http://www.expeditionmed.eu/petition/

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