TENDUA - Association pour la sauvegarde de la biodiversité

Les services écosystémiques

La notion de services écosystémiques est apparue dans les années 1980 sous l’impulsion de naturalistes engagés dans la conservation de la Nature. Elle s’est considérablement développée à la fin des années 90 suite aux travaux économiques de Costanza (1997) ou de Daily (1997) mais a véritablement pris de l’ampleur suite à la publication du Rapport sur l’Évaluation des Ecosystèmes pour le Millénaire.

L’Évaluation des Écosystèmes pour le Millénaire (ou MEA pour Millennium Ecosystem Assessment), conduite entre 2001 et 2005, a notamment tenté de déterminer les conséquences de l’évolution des écosystèmes sur le bien-être humain.
En effet, l’un des postulats de départ est que l’homme fait partie intégrante des écosystèmes, via une interaction dynamique entre ces deux éléments.
Le deuxième point majeur apporté par le MEA est que ces services, et donc la survie de l’humanité, dépendent de la biodiversité sur Terre (milieux aquatiques, aériens ou terrestres).

Coal Creek falls, South Island, New Zealand
services de support : cycle de l’eau, photosynthèse et production d’oxygène, cycle des nutriments, formation des sols
© Myriam Dupuis

Dans la longue et intime relation qui lie l’homme à la nature, l’homme, après l’avoir longtemps utilisé, sans retenues pendant des siècles et surtout au cours des dernières décennies où l’homme a pillé les ressources, a finalement pris conscience de la fragilité de cette nature à laquelle il appartient. L’homme a compris que protéger la nature c’est protéger l’humanité. En effet les écosystèmes rendent à l’humanité de nombreux services sans lesquels l’homme ne pourrait pas vivre. Ces services qualifiés d’écosystémiques sont divers.
Le groupe de travail du MEA (Millenium Ecosystem Assessment) en 2005, les a classés en 4 groupes.
Sur les 24 services évalués par le Millenium Ecosystem Assessment, quatre seraient en progression, mais 15 services écosystémiques seraient dégradés, probablement du fait des activités humaines.

Qu’est-ce qu’un service écosystémique ?

La notion de service écosystémique renvoie à la valeur (monétaire ou non) des écosystèmes, voire de la Nature en général, en ce sens que les écosystèmes fournissent à l’humanité des biens et services nécessaires à leur bien-être et à leur développement.

Affirmer avec force (et chiffres à la clé) que l’humanité n’est rien sans des écosystèmes durables et de qualité devrait renforcer la prise de conscience par les humains par le plus que nécessaire besoin de protéger ces écosystèmes.

1 -Les services de support ou d’auto-entretien

Ce sont les services qui permettent la mise en place des autres services et sont liés à l’existence de la vie sur terre : il s’agit de la formation des sols, de la production primaire (qui associe photosynthèse et formation du vivant) ou encore, et non des moindres, de la production d’oxygène.
Ils sont différents des trois autres catégories de services, par le fait que leurs effets sur les hommes sont soit indirects soit apparaissent sur des longues périodes de temps. Ainsi, certains services, tel que le contrôle de l’érosion, peuvent être caractérisés aussi bien comme « support » ou « de régulation » en fonction de l’échelle de temps des effets de ses changements sur les êtres humains.
Par exemple, les êtres humains n’utilisent pas directement les services de formation de sol de l’écosystème (services « support »), même si des changements dans ce service affecteraient indirectement les êtres humains par l’effet sur la production alimentaire.

2 - Les services de production

2 - Les services de production ou d’approvisionnement directement utiles à l’homme

Il s’agit en effet de la fourniture de nourriture (plantes et animales), de bois, de fibre (coton, laine), ou encore de médicaments sans oublier l’eau, élément vital par excellence. Par l’exploitation des écosystèmes, les hommes obtiennent des produits commercialisables.
Exemples :

  • la nourriture, les fibres. Cette catégorie inclut une large catégorie de produits alimentaires dérivés de plantes, animaux, bactéries, ainsi que des matériaux tels que le bois, le jute, le chanvre, la soie... ;
  • le combustible : bois énergie, tourbe, le fumier et autres matériaux qui servent de sources d’énergie ; - les ressources génétiques qui incluent les gènes et l’information génétique utilisée pour l’élevage des animaux, la culture des plantes et la biotechnologie ;
  • les substances chimiques : beaucoup de médicaments, biocides, additifs alimentaires tels que les alginates, et matériaux biologiques sont dérivés des écosystèmes ;
  • les plantes médicinales, les ressources ornementales sont les produits tels que les peaux et les coquillages, les fleurs utilisées comme ornements, même si la valeur de ces ressources est souvent déterminée par le contexte culturel de leur usage ;
  • les matériaux de construction : bois, sablons, etc. ;
  • la faune chassable.

3 - Les services écosystémiques de régulation

Les écosystèmes dans leur fonctionnement, sont directement impliqués dans les échanges avec l’atmosphère et donc sur la qualité de l’air et du climat, dans la purification de l’eau et des déchets, dans la régulation des risques naturels et de l’érosion, etc. Il est bien évident pour chacun que la gestion des éco- ou des agrosystèmes influencent directement ces services de régulation et que l’homme dans sa gestion de la nature peut influencer ces services.
Exemples :

  • le maintien de la qualité de l’air : les écosystèmes apportent des produits chimiques et extraient des produits chimiques de l’atmosphère, influençant ainsi la qualité de l’air ;
  • la régulation du climat : les écosystèmes influencent le climat aussi bien à échelle locale qu’à échelle globale. Par exemple, à échelle locale, des changements dans l’occupation du sol peuvent influencer aussi bien les températures et le régime des précipitations. A échelle globale, les écosystèmes peuvent jouer un rôle important dans le climat, soit en séquestrant soit en émettant des gaz à effet de serre.
  • le cycle de l’eau : la récurrence et l’importance du ruissellement, des inondations, et la recharge des aquifères peuvent être fortement influencés par les changements dans l’occupation des sols, par des altérations qui peuvent changer le potentiel de stockage de l’eau au niveau de l’écosystème. De telles altérations peuvent être déterminées par la conversion des zones humides ou des forêts en zones agricoles, ou des zones agricoles en zones urbaines ;
  • le contrôle de l’érosion ;
  • la couverture végétale joue un rôle important dans la rétention du sol et dans la prévention des glissements de terrain ;
  • la purification de l’eau et le traitement des déchets. Les écosystèmes peuvent apportés des impuretés dans l’eau, mais peut aussi aider à filtrer et décomposer les déchets organiques introduits dans les zones humides, les eaux intérieurs et les écosystèmes marins ;
  • la régulation des maladies humaines : les changements dans les écosystèmes peuvent changer directement l’abondance des pathogènes humains ; tels que le cholera, et peut altérer l’abondance des vecteurs de maladies, tels que les moustiques ;
  • le contrôle biologique : les changements des écosystèmes peuvent affecter la prévalence des maladies et des prédateurs des cultures et du cheptel ;
  • la pollinisation : les changements des écosystèmes peuvent affecter la distribution, l’abondance et l’efficacité de la pollinisation ;
  • la protection contre les tempêtes et contre les inondations comme par exemple, la présence des écosystèmes forestiers peut diminuer l’intensité des vents et/ou des eaux.

4 - Les services écosystémiques culturels

Les écosystèmes peuvent effectivement avoir des valeurs spirituelles comme c’est le cas de certains bois sacrés dans certains pays, des valeurs esthétiques ou récréatives : se promener à la campagne, c’est aller à la rencontre de la nature et profiter de ce qu’elle offre (patrimoine, esthétisme, éducation, religion, écotourisme, etc).

Les services culturels et sociaux sont des bénéfices non-matériels obtenus par les hommes à partir des écosystèmes à travers l’enrichissement spirituel, le développement cognitif, la réflexion, la création, les expériences esthétiques, comprenant :

  • l’offre d’emploi, qui est le résultat de la gestion, restauration, protection etc. des écosystèmes ;
  • les valeurs éducatives : les écosystèmes et leurs composantes fournissent une base pour l’éducation dans beaucoup de sociétés ;
  • source d’inspiration ;
  • les écosystèmes offrent une source d’inspiration riche pour l’art, le folklore, les symboles nationaux, l’architecture et la publicité ;
  • les valeurs esthétiques : beaucoup de personnes trouvent de la beauté ou des valeurs esthétiques dans des aspects variés des écosystèmes ; ceci se reflète par exemple dans les visites des parcs, des « paysages » et dans le choix des localisations pour construire des maisons ;
  • des relations sociales : les écosystèmes influencent les relations sociales. Par exemple, le fait de bénéficier des aspects esthétiques et récréatives des écosystèmes (forestiers, parcs urbains...) peut contribuer au renforcement des liens sociaux (ex. : entre les jeunes d’un groupe, entre les voisins...) ;
  • les valeurs « patrimoniales » : beaucoup de sociétés apprécient le maintien de paysages historiquement importants (« paysages culturels ») ou d’espèces ayant une signification culturelle ;
  • recréation et éco-tourisme : par exemple, les gens choisissent souvent les endroits de leurs vacances en fonction des caractéristiques naturelles du lieu.
Les différents types de services écosystémiques (d’après Étude & Documents n°20, Mai 2010)
Commissariat Général au Développement Durable

Ces services comme on le voit sont très liés au vivant. C’est la diversité du vivant, ce qu’on appelle la biodiversité, qui est la base de la fourniture de ces services. Cela implique que la conservation de la biodiversité est fondamentale.

Dans les écosystèmes terrestres, le sol est l’élément fondamental dans la fourniture des services. Les sols permettent la croissance des plantes en leur fournissant l’eau et les éléments nutritifs, ils hébergent également une énorme quantité d’organismes aux fonctions différentes qui vont participer à la mise en place des services écosystémiques. C’est toute cette biodiversité qu’il faut protéger pour conserver les services que la nature nous rend.


Vidéo : Les services écosystémiques, interview d’Eric Blanchart

Merci à Eric Blanchart, Stéphane de Tourdonnet, à SupAgro Montpellier, au Mooc Agroécologie de septembre 2015.

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