TENDUA - Association pour la sauvegarde de la biodiversité

La Danta de Colombie ou la disparition du jardinier des forêts

Fiche d’Identité

Jeune tapir
Jeune tapir
Après une gestation de 13 mois, la femelle donne naissance à un seul petit qui pèse 5 à 6 kg. Celui-ci possède des taches blanches caractéristiques qu’il perdra vers 8 mois. Il sera sevré à l’âge de 10 mois,
atteindra sa taille adulte à 18 mois et sera mature sexuellement vers 3 ou 4 ans.
- © DR-Internet

La « Danta » ou tapir est le plus grand mammifère terrestre d’Amérique du Sud. Appartenant à l’ordre des Périssodactyles, il est apparenté aux Equidés (chevaux) et aux Rhinocérotidés (rhinocéros). D’allure massive, il atteint presque la taille d’un petit poney. Dans toutes les espèces, la femelle est plus grande que le mâle et le jeune a le même aspect : un poil brun-roux avec des stries et des points blancs.

On connaît peu de choses concernant ses moeurs, mais il semble qu’il soit monogame. Distant de nature et vivant à l’écart, il est extrêmement difficile de le voir à l’état sauvage, malgré sa taille imposante. Le tapir se cache souvent en journée. C’est la nuit venue qu’il parcoure la forêt en quête de nourriture, sur un domaine vital estimé à une dizaine de km2.

Empreinte de tapir, Colombie.
Empreinte de tapir, Colombie.
Le tapir trahit sa présence sur les berges par ses nombreuses
déjections et ses profondes empreintes figées dans la boue ou le sable. Ses doigts laissent des traces caractéristiques, en forme de trèfle.
- © M. Dupuis

La présence d’eau est indispensable au tapir : il s’y rafraîchit et s’y débarrasse de ses parasites. Il n’hésite pas à plonger pour fuir ses rares prédateurs : l’homme et le jaguar.

Le tapir a un régime herbivore. Très sélectif, il se nourrit de plantules, de fruits et de graines qu’il collecte à l’aide de sa courte trompe préhensile. Il possède de larges dents, parfaitement adaptées pour couper les branches et briser les graines. Le tapir joue ainsi un rôle clé dans la régénération de la forêt en disséminant avec ses déjections les graines de certaines espèces consommées. Les anglo-saxons lui ont d’ailleurs donné le surnom de « jardinier des forêts ». La raréfaction du tapir a donc des conséquences sur la diversité et la structure même des forêts.


Trois + Une espèces

Les 4 espèces de Tapirs
Les 4 espèces de Tapirs
Les 3 tapirs américains et le tapir asiatique. - © DR- Internet

Il existe dans le monde quatre espèces de Danta ou tapirs, trois en Amérique du Sud (Tapirus terrestris, Tapirus pinchaque, Tapirus bairdii) et une en Asie (Tapirus indicus).

La Colombie est le seul pays d’Amérique du Sud abritant les trois branches de tapirs d’Amérique. En plus des trois espèces, il existe en Colombie une sous-espèce colombienne (Tapirus terrestris colombianus, Hershkovitz 1954) endémique qui est gravement menacée d’extinction. Il existe également deux autres sous-espèces : Tapirus terrestris terrestris décrite par Linné en 1758 et Tapirus terrestris aenigmaticus décrite par Gray en 1872.


Les principales menaces : la perte d’habitat et la chasse

Actuellement, tous les tapirs sont menacés d’extinction, principalement en raison de la perte de leur habitat et de la chasse. Selon l’espèce, ils sont classés VUlnérable ou EN danger d’extinction à l’état sauvage par l’UICN.
Partout en Amérique du Sud, la déforestation est la principale menace pour la survie de l’espèce. On estime que sur 40% de sa distribution, le tapir a une faible probabilité de survie. La chasse représente donc un problème majeur car, la plupart du temps, le nombre de tapirs tués est trop élevé par rapport aux capacités naturelles de régénération de l’espèce.
Le tapir est considéré comme une « espèce parapluie » : sa protection protège indirectement de nombreuses autres espèces qui composent la communauté écologique de son habitat. Étant le plus grand en taille, il a besoin de plus d’espace, et, par conséquent, si nous l’aidons, nous aidons également toute la biodiversité associée qui partage l’habitat du tapir.

Origine

Les tapirs sont des animaux très anciens. Plusieurs hypothèses tentent d’expliquer l’origine des tapirs de Colombie.

Tapir des Andes ou de montagne, Tapirus pinchaque
Tapir des Andes ou de montagne, Tapirus pinchaque
Une des premières photos prises du tapir de montagne ou tapir du paramo. L’objectif est d’installer plus de stations photos là où la présence des tapirs est avérée (« salados » ou « saladeros »). Le tapir des Montagnes est classé en danger (EN) par l’UICN. - © Nativa

La première d’entre elles a été proposée par le scientifique Hershkovitz en 1954 : selon lui, les 3 espèces présentes en Colombie étaient originaires de l’Amérique du Nord. Elles auraient migré indépendamment vers l’Amérique Centrale et l’Amérique du Sud. Le premier tapir arrivé en Colombie est le tapir des Andes ou tapir de montagne (Tapirus pinchaque), à une époque où le niveau de la mer, à ces latitudes équatoriales, donnait un climat tempéré.
Plus tard, alors que la Cordillère des Andes était en formation et que les températures augmentaient, d’autres espèces de tapirs ont été en mesure d’envahir les nouveaux habitats tropicaux à la base de la Cordillère des Andes. Il s’agit du tapir d’Amérique Centrale ou Tapirus bairdii, dernier immigrant en Colombie.

La deuxième hypothèse est celle du scientifique Haffer en 1970, qui suggère que les espèces de tapirs d’Amérique Centrale et d’Amérique du Sud étaient originaires de la nouvelle région tropicale et descendaient du tapir de montagne (Tapirus pinchaque), ancêtre immigrant, arrivé dans la Cordillère des Andes au cours de sa formation et à l’origine du Tapirus terrestris et Tapirus bairdii.


Objectifs du Colombia Tapir Fonds

Après six années de travail pour la conservation du tapir en Colombie, la Fondation Nativa a créé le Fonds Colombien pour le Tapir. Son objectif est de recueillir des dons, venant de personnes privées et d’organisations souhaitant contribuer à des actions de préservation du tapir, par le biais du Programme de monitoring du Tapir colombien que la Fondation Nativa mène actuellement.


Le Programme de monitoring du Tapir colombien

Tapir du Brésil, Tapirus terrestris
Tapir du Brésil, Tapirus terrestris
Cette image représente la première phase d’un cycle de travail de 11 ans de la Fondation Nativa. L’installation du premier collier de télémétrie satellite sur un tapir de la Sierra Nevada de Santa Marta (chaîne de montagne de Santa Marta), au nord de la Colombie. - © Nativa

La Fondation Nativa, par son travail de conservation du tapir et de la biodiversité qui lui est associée, est en mesure d’identifier et de surveiller ces mammifères grâce à l’installation de pièges photographiques et à la collaboration des communautés locales. Le programme prévoit d’installer un réseau de pièges photos dans les endroits où la présence de tapirs a été repérée, et où ceux qui cohabitent avec ces animaux, assureront eux-mêmes la surveillance, avec le soutien de la Fondation Nativa et des correspondants régionaux des sociétés indépendantes et des parcs naturels nationaux.
C’est désormais une nouvelle étape qui commence : consolider le travail de recherche sur la population de tapirs et établir une stratégie de conservation qui permette également l’optimisation des ressources humaines et économiques par l’implication des populations locales. C’est ce qui rendra possible la stabilisation de la population de tapirs dans la Sierra Nevada de Santa Marta.
En effet, cette réalisation a été le travail d’une équipe, déterminée à poursuivre et faire ce qui est nécessaire pour éviter l’extinction de cette espèce de la Sierra Nevada de Santa Marta.


La clé de la réussite de ce programme est l’implication des peuples autochtones et la participation des gens des villages voisins

Tapir de Baird
Tapir de Baird’s, Tapirus bairdii
La Fondation Nativa prévoit d’engager des actions d’enquête et de conservation pour le Tapir de Baird’s (Tapirus bairdii) dans le nord du Chocó, en Colombie. - © Nativa

Depuis plusieurs années maintenant, la Fondation Nativa travaille avec les villageois de Tambo Robado, du district rural de La Castellana à San Agustín, Huila, sur le monitoring photo des « salados » ou « saladeros » que fréquentent souvent les tapirs. Aujourd’hui, il faut installer plus de pièges photo dans les « salados » qui seront gérés par les populations locales.
Ainsi, il est prévu de former à l’utilisation des pièges photographiques ceux qui, parmi les populations locales, sont intéressés par ce programme. Les plus motivés entreront dans le programme de monitoring, où ils recevront une compensation économique ou en nature pour l’installation des pièges photos et leur maintenance, la collecte des clichés, leur aide pour effectuer les marquages, le recueil d’échantillons biologiques et la prise des mesures. Toutes ces procédures sur le terrain sont effectuées par les gens du pays aux côtés de la Fondation Nativa.

Nativa a déjà récolté des informations sur la présence de tapirs et établi de bons contacts dans cette région du Chocò à la frontière du Panama pour poursuivre son action.

Portfolio

  • Nativa sur le terrain
  • Tapir en train de se réveiller

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